Rendue publique en 2023, puis soumise à consultation, la TRACC doit permettre de « calibrer et d’harmoniser l’ampleur des dispositifs d’adaptation au changement climatique et de les décliner localement ». Elle a servi de fondement pour élaborer le nouveau Plan national d’Adaptation au Changement climatique (PNACC 3).
Un scénario de réchauffement de +4 °C pour la France
La TRACC retient un scénario de réchauffement climatique global de 3 °C à la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle. La France métropolitaine se réchauffant davantage que la moyenne, ce scénario correspondrait à un réchauffement de 4 °C en métropole.
La TRACC estime les effets d’un tel changement via un jeu d’indicateurs et de cartographies, notamment :
En matière de température : avec par exemple deux à trois mois de canicule annuelle ;
Au niveau du cycle de l’eau : avec un accroissement des écarts de pluviométrie entre nord et sud, davantage d’inondations, une aggravation des périodes de sécheresse et de pénurie d’eau, la disparition de la quasi-totalité des glaciers des Alpes ;
À l’échelle des territoires : avec des risques importants sur les bâtiments, les infrastructures de transport et les réseaux (énergie, eau, télécommunications), ainsi que des effets marqués sur les zones côtières.
Une confusion encore présente entre atténuation et adaptation ?
L’intérêt de cette trajectoire est qu’elle permet de fixer un cap crédible, officiel et partagé, fondé sur des éléments scientifiques, et sur lequel il est possible d’anticiper et de construire des politiques partagées d’adaptation.
La TRACC a d’ailleurs été soumise à consultation en 2023, en vue de préparer le nouveau PNACC. Mais si cet intérêt est largement partagé, la consultation a également montré que l’adaptation était encore l’objet de nombreuses incompréhensions. Par exemple, parmi les préconisations proposées lors de la consultation, seules 20 % relevaient réellement de l’adaptation, et la majorité concernait l’atténuation des émissions. La preuve, sans doute, qu’il devient difficile de traiter les deux enjeux de manière séparée.
Prévoir le pire en espérant le meilleur ?
De ce fait, le choix d’un scénario unique pose question. La TRACC présentait à l’origine deux scénarios : un optimiste, correspondant aux objectifs de l’Accord de Paris de +2 °C ; et un pessimiste, plus conforme à la trajectoire actuelle, de +3 °C.
Dans un contexte de « reculades » sur ses engagements écologiques, le choix du gouvernement de mettre en avant le scénario pessimiste a pu être interprété comme un aveu de renoncement. En préambule du document officiel, Christophe Béchu défend ce choix en affirmant que, « dans un objectif de protection de la population et de résilience de l’économie française, nous ne pouvons pas ignorer la tendance actuelle des émissions de gaz à effet de serre mondiales ». Lors de la consultation, 84 % des participants ont validé ce choix, et une minorité aurait même préféré un scénario permettant de nous préparer au pire.
Une vision commune pour débattre
La TRACC a donc le grand mérite de proposer un scénario officiel et commun, sur lequel les acteurs économiques et publics peuvent à présent s’appuyer pour préparer leurs stratégies d’adaptation au changement climatique.
Le portail « Drias les futurs du climat » a récemment intégré la TRACC : il met à disposition des acteurs territoriaux des informations graphiques ou cartographiques tirées des projections climatiques régionalisées réalisées par plusieurs laboratoires de modélisation du climat.
L’application Climadiag de MétéoFrance se fonde elle aussi à présent sur la TRACC. Elle permet d’accéder facilement à un jeu de données sur les principales évolutions à attendre à l’échelle des communes ou intercommunalités.
Les outils existent, reste à présent à en en diffuser les diagnostics pour en tirer des conclusions pérennes.
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