S’adapter au changement climatique, cela passe premièrement par la prise en compte précise de la situation de son territoire, mais demain, cela impliquera également de composer avec les conséquences du réchauffement d’autres régions.
En effet, les migrations climatiques, internes à un pays ou transnationales, constituent déjà un phénomène démographique important, malgré le relatif silence qui l’entoure.
À partir des rapports Groundswell, études de référence sur ce sujet commandées par la Banque mondiale, présentation de problématiques plus proche de nous qu’il n’y paraît.
Une récente étude de l’OCDE montre que les stratégies d’adaptation au changement climatique sont encore trop souvent élaborées sans considérer les migrations climatiques — que ce soit à l’intérieur des pays, mais aussi entre eux.
Ce sujet a pourtant été investi depuis plusieurs années par les institutions internationales, et notamment par la Banque mondiale, qui a initié au milieu des années 2010 une série de modélisations des migrations climatiques à l’intérieur de plusieurs continents. Elles ont donné lieu depuis à la publication de deux synthèses, aujourd’hui régulièrement citées : les rapports Groundswell.
Plus de 200 millions de migrants climatiques d’ici à 2050
Ces rapports se sont intéressés à 6 régions du monde en développement, particulièrement susceptibles de connaître des migrations climatiques internes : l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord, l’Amérique latine, l’Asie du Sud, l’Asie-Pacifique et l’Europe de l’Est. Ils se fondent sur les scénarios du GIEC, en étudiant les principaux effets que ces changements peuvent avoir sur l’établissement des populations : sécheresse accrue, baisse de productivité agricole, augmentation du niveau de la mer, canicules ou autres évènements extrêmes (tempêtes, inondations, etc.).
En prenant en compte les données sociodémographiques et les vulnérabilités à l’intérieur des différents pays et régions, les experts de la Banque mondiale estiment que, d’ici à 2050, 216 millions de personnes pourraient être forcées de migrer sous l’effet du changement climatique. Près de la moitié de ces réfugiés potentiels se trouvent en Afrique, et très majoritairement en Afrique subsaharienne — l’une des régions du monde la moins responsable du changement climatique.
Un phénomène qui peut encore être endigué
Même si les modélisations utilisées aboutissent à des chiffres forcément approximatifs, ces travaux ont le mérite de donner des ordres de grandeur quant à l’ampleur du phénomène.
Le rapport produit également des préconisations d’action. En réduisant fortement les émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais aussi en anticipant et planifiant les besoins de migration à l’intérieur des pays, le second volume du rapport Groundswell estime que le nombre de migrants climatiques pourrait être réduit de quasiment 80 %. Enfin, il offre une analyse détaillée de plusieurs pays, révélant des situations contrastées et des fragilités très variables, qui demandent évidemment des réponses chaque fois différentes.
La question des migrations internationales, un sujet encore tabou… et sous-estimé ?
À l’instar d’autres travaux, l’une des principales limites de cette modélisation est qu’elle s’intéresse aux migrations internes, au motif que « la majeure partie des migrants ne traversent pas les frontières, mais se déplacent à l’intérieur de leurs propres pays ». Aucune estimation n’est donc produite quant aux migrations transnationales.
Or, comme le note l’ONG Oxfam, le phénomène ne peut que s’accélérer à l’avenir : « Lesprojections présentent une progression qui va de 260 millions de réfugiés climatiques en 2030, jusqu’à 1,2 milliard en 2050 ». Plus alarmant encore, une étude publiée en 2020 montrait que, d’ici à 2070, dans le cas malheureusement crédible d’un réchauffement moyen de 4 °C, près de 3 milliards de personnes pourraient être obligées de quitter leur lieu de naissance, devenu invivable. Un scénario beaucoup plus inquiétant que celui de la Banque mondiale, et qui rendrait peu probable l’hypothèse de migrations majoritairement « internes ».
Un enjeu à prendre en compte dans les politiques locales d’adaptation ?
Les rapports Groundswell ont donc le mérite de rappeler la nécessité de mieux prendre en compte les migrations climatiques dans les politiques d’adaptation. Mais ils sous-estiment peut-être gravement le phénomène.
Au niveau national, les travaux de l’OCDE susmentionnés montrent que ces enjeux sont encore très peu pris en compte : dans le meilleur des cas, les stratégies d’adaptation abordent les migrations climatiques internes, par exemple consécutives au retrait du trait de côte.
En France, par exemple, le Plan national d’adaptation au changement climatique n’aborde pas le sujet des migrations internationales. Une enquête approfondie réalisée par Euronews en 2020 montrait également que des migrations au sein de l’Union européenne étaient déjà en cours. Majoritairement consécutives à des incendies ou des inondations et sécheresses à répétition, ces mouvements se font parfois entre pays de l’UE, mais aussi et surtout entre zones rurales et urbaines — les premières étant davantage touchées par les évènements climatiques extrêmes.
Alors que les migrations sont devenues un outil de négociation géopolitique majeur, mais aussi un motif potentiel de nouvel exode rural, ne pas aborder cet enjeu dans les politiques d’adaptation au changement climatique peut surprendre. Amenées à devenir un refuge pour de nombreux migrants climatiques, les métropoles des pays riches sont en première ligne et devraient commencer à anticiper ces mouvements de population. Mais force est de constater qu’elles ne le font pas encore. Preuve, peut-être, que le sujet est encore délicat à aborder, tant il interroge notre capacité à être solidaires et à vivre ensemble, sur une planète dont le climat devient de plus en plus hostile.
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