Lutter contre la sédentarité, renforcer la cohésion sociale, améliorer la santé des populations… Les arguments qui plaident en faveur d’une meilleure prise en compte du sport dans les politiques publiques ne manquent pas. Mais comment adapter les pratiques et les équipements sportifs pour faire face au changement climatique ?
Avant même que le gouvernement n’engage en octobre 2022 une consultation pour élaborer son plan d’adaptation de la pratique sportive aux changements climatiques, l’ONG environnementale WWF France avait produit un rapport détaillé sur le sujet.
Co-financé par le ministère des Sports et réalisé avec l’appui technique du cabinet I-Care & Consult, ce document est le premier à étudier de manière aussi détaillée les effets attendus du réchauffement sur la pratique sportive en France métropolitaine.
Des impacts sur les pratiques, les sites et les équipements sportifs
Une large partie du rapport est consacrée aux effets attendus du changement climatique sur les pratiques sportives, en étudiant deux scénarios de réchauffement global possibles : +2 °C et +4 °C. Parmi ces effets, on retiendra :
- Une réduction des possibilités de pratique sportive à cause de la chaleur, pouvant atteindre plusieurs semaines dans de nombreux sports ;
- Une gestion plus complexe des salles de sport du fait des contraintes liées aux températures (environ 30 000 salles étant mal isolées et nécessitant un refroidissement ou des travaux d’isolation) ;
- Des stades de plus en plus difficiles à gérer et à conserver en état (le gazon connaissant un stress hydrique et thermique important) ;
- Des sites de pratique de sports de mer à relocaliser, avec des dizaines de clubs de voile concernés ;
- Des sites de sport d’hiver menacés, avec un enneigement naturel plus rare sous 2 000 mètres d’altitude, rendant la pratique impossible sans enneigement artificiel.
Une alerte sur les risques de mal-adaptation
Le rapport du WWF fournit un diagnostic précieux et inédit, qui permet de rappeler certaines menaces déjà bien identifiées, comme celles concernant les sports d’hiver. Il permet dans ce cas de préciser les enjeux et d’identifier certains risques de mal-adaptation, comme par exemple la tentation de développer l’enneigement artificiel, au risque d’accroître encore la consommation énergétique du secteur tout en déstabilisant le cycle de l’eau.
Mais sa plus-value concerne surtout les autres pratiques, jusque-là peu étudiées. Par exemple, les difficultés de gestion des équipements comme les stades et les salles de sport, qui dépendent en grande partie des acteurs publics locaux, devraient particulièrement interpeller ces derniers.
Se servir de l’image positive du sport pour changer les mentalités ?
Un autre intérêt du rapport est qu’il s’aventure à produire quelques préconisations. La plupart sont toutefois très orientées sur l’atténuation, plus que sur l’adaptation — faisant écho sur ce point à un récent dossier de l’Ademe. Par ailleurs, certaines sont assez classiques pour ce genre de rapport : inviter le ministère à créer des outils d’observation du sport et du climat, porter une ambition de transition écologique plus forte dans le milieu du sport, ou encore s’appuyer sur l’image positive des sportifs pour promouvoir la préservation du climat.
D’autres mesures sont en revanche plus originales et percutantes. Le WWF préconise par exemple de promouvoir un sport « local et de saison », prenant ainsi ses distances avec les grands évènements internationaux très dépendants de l’aviation. L’ONG propose également d’introduire des critères d’écoconditionnalité dans l’attribution des subventions publiques attribuées aux évènements et aux équipements sportifs.
Un travail d’adaptation qui doit être approprié
Il n’est pas sûr que ces propositions moins consensuelles soient retenues dans le futur plan d’adaptation de la pratique sportive aux changements climatiques. De la même manière, l’appropriation de ces enjeux par les acteurs publics locaux reste largement à faire.
Dans le milieu du ski, en première ligne face au changement climatique, la tendance semble encore être au soutien massif des acteurs publics à une forme de mal-adaptation, symbolisée par les équipements d’enneigement artificiel et la construction de retenues d’eau.
Reste à savoir si les autres sports sauront éviter cette tendance et mieux anticiper les effets du changement climatique sur le fonctionnement des équipements dont ils dépendent. Le défi est loin d’être anecdotique pour les collectivités locales, qui ont en charge la majorité de ces équipements.