La prospective à la Métropole de Lyon : un peu d'histoire
Au Grand Lyon, la prospective est née en 1997. Elle a d’abord pris la forme d’une mission placée auprès du Directeur général des services, puis s’est transformée en Direction de la Prospective et de la Stratégie d’agglomération à partir de 2003, avant de devenir en 2010 la Direction de la Prospective et du Dialogue public.
Plusieurs temps forts marquent cette histoire.
Le premier correspond à l’aventure fondatrice de Millénaire 3. Impulsée par Raymond Barre, cette démarche de prospective participative visait à élaborer un projet d’agglomération. De par ses ambitions démocratiques, elle constitua un véritable choc culturel pour le Grand Lyon, établissement public de coopération intercommunale marqué par une très forte culture technique.
Doté de compétences majeures (urbanisme, développement économique, gestion des services urbains : voirie, eau, déchets, propreté…), cet EPCI ne possédait pourtant pas la compétence générale, à la différence des collectivités territoriales de plein exercice.
La publication et la diffusion à grande échelle de cahiers de prospective traitant de sujets de société variés (environnement, citoyenneté, éducation, etc.), puis l’organisation de journées de prospective mobilisant dans la salle du Conseil de Communauté la diversité de la société civile de l’agglomération, et enfin la production d’un projet d’agglomération global, non centré sur les compétences du Grand Lyon, sont ainsi apparues comme de véritables innovations, suscitant un certain enthousiasme à l’extérieur de l’institution.
Cahier Millénaire 3 n°24 : Éducation et modes de vie
Dans la dynamique de Millénaire 3 a ensuite été créé un Conseil de développement, instance permanente de dialogue avec la société civile sur le projet d’agglomération et les politiques publiques communautaires. En parallèle, les politiques de développement durable et de participation citoyenne émergeaient au sein de cet EPCI. Historiquement, Millénaire 3 a ainsi incarné, au Grand Lyon, la montée en puissance d’une pensée sociétale et systémique, ainsi que l’affirmation de la valeur partenariale dans l’élaboration et la conduite des politiques publiques.
La démarche Millénaire 3 a ainsi été l’un de ces moments à l’occasion desquels le Grand Lyon, en tant que Communauté urbaine, a renforcé sa légitimité politique sur le territoire.
Sous le premier mandat de Gérard Collomb, la cellule Prospective passait du statut de mission à celui de direction. L’effectif augmenta : il s’agissait désormais, tout en poursuivant des travaux de prospective, d’incuber les nouvelles politiques transversales du Grand Lyon. Ont alors été élaborées depuis la Direction de la Prospective et de la stratégie d’agglomération une politique temporelle, une Charte de la participation et un Agenda 21, avec à chaque fois la mise en place de l’ensemble des éléments constitutifs d’une politique publique : expérimentation de projets innovants, mise en place d’outils méthodologiques, élaboration de plans d’action, etc. La prospective proprement dite fit également l’objet d’une nouvelle commande : Lyon 2020.
Une vision métropolitaine
Cette démarche impliquait de montrer la cohérence des différentes stratégies sectorielles portées par la vision générale du Grand Lyon, mais aussi d’inscrire l’avenir de cette agglomération dans un territoire beaucoup plus vaste de la métropole Lyon-Saint-Etienne, et d’énoncer les valeurs et les emblèmes sur lesquels le territoire pouvait fonder la construction de son avenir.
Cette deuxième période fut essentielle, car en prenant en charge une mission d’incubation de nouvelles politiques publiques, la Direction de la Prospective et de la Stratégie d’agglomération était désormais en situation de s’intégrer véritablement au fonctionnement des services communautaires, et d’aborder ainsi avec plus de justesse les questions de management de l’action publique. Par ailleurs, les travaux sur les valeurs et les emblèmes du territoire, dans le cadre de Lyon 2020, permirent de prendre conscience des liens indispensables entre prospective et Histoire, afin d’inscrire le Grand Lyon dans une pensée du lignage, trop souvent absente des démarches de marketing territorial.
L’élaboration de la vision métropolitaine Lyon 2020 avait aussi fait apparaître la nécessité de disposer d’un lieu unique d’animation et de mise en cohérence des différentes démarches stratégiques du Grand Lyon. Cet enjeu s’est traduit en 2009 par une vaste réorganisation des services de la Délégation générale au Développement urbain. Une Direction de la Planification et des Politiques d’agglomération fut créée, la Direction de la Prospective se redéployant dans quatre champs : veille, participation citoyenne, marketing public et édition.
M3 Société urbaine et action publique - N°3
Ces activités complémentaires firent de la nouvelle Direction de la Prospective et du Dialogue public un lieu de réflexion original, étudiant la société tout en échangeant avec, afin d’interroger les actions du Grand Lyon à l’aune des évolutions sociales et des enjeux sociétaux. Cette nouvelle configuration permit d’embrasser une multitude de dispositifs de travail, pour certain toujours liés à des chantiers de planification stratégique, mais désormais le plus souvent en prise directe avec des projets concrets, des processus d’innovation et des démarches de conception de politiques publiques.
Ainsi, en vingt ans, le Grand Lyon est passé d’une « prospective de grande démarche », disposant d’une forte visibilité externe, mais faiblement intégrée au fonctionnement des services, à une prospective au quotidien, conjuguée au présent, moins visible mais plus influente, car étroitement associée au fonctionnement opérationnel de l’institution.
En attendant le « Millénaire 3 », Lyon 2020, c’est déjà derrière nous ! Alors que notre monde se redessine au rythme de bouleversements sans précédent, notre vision de la prospective continue de cultiver la même ambition, au service du Grand Lyon et de ses habitants.
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