Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Transition écologique
  3. La consommation de bio à la croisée des chemins
  4. [Infographie] Agriculture bio ou conventionnelle : laquelle coûte (réellement) plus cher ?

[Infographie] Agriculture bio ou conventionnelle : laquelle coûte (réellement) plus cher ?

< Retour au sommaire du dossier

Couverture de l'infographie

Article

Agriculture conventionnelle et biologique sont régulièrement opposées à propos de leur impact sur l’environnement… mais aussi sur leur coût respectif.

Si l’agriculture biologique est souvent présentée comme la plus chère pour le consommateur, c’est oublier que le modèle conventionnel génère des coûts cachés.

Est-il possible de faire un bilan complet des coûts et bénéfices économiques ?

En 2016, l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB) publiait une étude intitulée « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ». Cette infographie propose une synthèse des principaux enseignements de ce travail.

Un exercice qui s’avère complexe, qui incite plutôt à rendre visibles les externalités positives et négatives pour débattre des différents modèles agricoles.

Tag(s) :

Date : 25/09/2023
Agriculture bio ou conventionnelle : LAQUELLE COÛTE (RÉELLEMENT) PLUS CHER ? INFOGRAPHIE. L'agriculture biologique est souvent pointée du doigt pour le prix élevé de ses produits. Mais l'agriculture conventionnelle génère de nombreux coûts cachés. Est-il possible de faire un bilan complet de ces coûts et bénéfices ? Peut-on savoir combien l'agriculture biologique coûte et apporte à la société ? Une étude* de l'Institut Technique de !'Agriculture Biologique (ITAB), réalisée avec l'INRA, a tenté de caractériser, quantifier et chiffrer les externalités de ces deux modèles agricoles sur l'environnement, la société et la santé. Que ce sont les Externalités négatives et positives ? Les activités agricoles génèrent, parallèlement à la production de biens alimentaires, des externalités négatives (couts sociaux, pollutions) ou positives (stockage de carbone, pollinisation). Ces externalités ne sont pas prises en compte par l le marché et n'apparaissent pas dans les prix. LES PRODUITS DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE COÛTENT PLUS CHER AU CONSOMMATEUR En moyenne, les fruits et légumes bio sont vendus 44 % plus cher** Le label bio AB Zéro pesticides, Zéro engrais minéraux, Zéro OGM, vendu 44% plus cher, on retrouve dans ces 44% la main d'œuvre, le Rendement, les Coûts de certification et les Marges des revendeurs. Ces prix supérieurs s'expliquent par des couts de production plus élevés : les fermes bio emploient en moyenne davantage de travailleurs et elles doivent assumer les coûts de la certification « Agriculture biologique » (AB) Les modes de culture bio ont également souvent des rendements inférieurs. Enfin, certaines enquêtes montrent que les marges des distributeurs sont parfois plus importantes sur les produits bio
C'EST SANS COMPTER QUE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE EST CHAMPIONNE DES EXTERNALITÉS POSITIVES SUR LA SANTÉ ET L'ENVIRONNEMENT La Bio a des effets positifs prouvés sur de nombreux aspects : Légende : « ++ » est égal aux effets positifs de lu label bio et « + » est égal aux effets positifs mais pas systématique. ++ Qualité de l'eau + Qualité des sols dans les Milieux Physiques ++ Faune, insectes ++ Pollinisation ++ Régulation biologique ++ Biodiversité cultivée dans la biodiversité ++ Espace disponible dans le bien être animal Moindre exposition : ++ à certaines toxicités ++ à l'antibiorésistance ++ aux allergies + Davantage de composés bénéfiques (oméga3, antioxydants} dans la santé humaine. L'un des rares effets négatifs de l'agriculture biologique sur l'environnement concerne les surfaces utilisées, généralement plus importantes du fait de rendements plus faibles. A L'INVERSE, L'AGRICULTURE CONVENTIONNELLE GÉNÈRE DES EXTERNALITÉS NÉGATIVES. Si le modèle conventionnel permet d'économiser des surfaces, son utilisation de pesticides et de nitrates a en revanche des effets négatifs sur la biodiversité, l'eau, les sols ou encore la santé. Par exemple, la seule Pollution de l'eau entraîne : Des coûts de traitement : • Traitement des eaux polluées par les nitrates et pesticides • Création de nouveaux captages plus éloignés • Nettoyage des captages • Nettoyage des littoraux • etc. Et nous avons aussi les coûts d’évitement : (coût des comportements adoptés pour contourner les pollutions) • Achat d'eau en bouteille • Collecte et traitement des bouteilles • Filtrage de l'eau au robinet En France, au total, ces seuls coûts directs étaient estimés en 2011 à 939 à 1489 millions d’€ par an. A Leipzig (Allemagne), l'appui à la conversion à l'agriculture biologique autour des champs captants a coûté 7 fois moins cher à la collectivité que ce qu'aurait coûté l'augmentation du prix du traitement des eaux***.
ALORS, QUEL MODÈLE COÛTE LE PLUS CHER ? Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir monétariser toutes les externalités positives et négatives. Mais si l'étude de l'ITAB montre que les externalités négatives de l'agriculture conventionnelle sont plus importantes que celles de l'agriculture biologique, et dépassent largement le seul effet sur l'eau, elle montre aussi qu'il est impossible d'en évaluer le coût total. Pour des raisons méthodologiques et scientifiques: On mesure mal de nombreux effets directs Par exemple : on a pu prouver une relation entre l'exposition aux pesticides et l'apparition de pathologies chroniques chez les agriculteurs. Mais pour de nombreuses autres maladies, les effets sont seulement suspectés. De nombreuses molécules ne sont pas évaluées, ou leur présence dans l'eau n'est pas mesurée. Qui plus est, des centaines de nouvelles molécules sont mises sur le marché chaque année. Aussi, On mesure encore moins bien les effets indirects, Par exemple : les effets des pesticides sur la santé de la population dans son ensemble (hors agriculteurs) sont mal pris en compte, car on connaît peu les effets à long terme des expositions aux faibles doses, ainsi que leurs effets combinés (effet "cocktail"). Pour des raisons éthiques et morales : Les méthodes de monétarisation sont incertaines Par exemple : pour estimer le coût de la maladie d'un agriculteur, on peut mesurer les coûts directs liés à la prise en charge de la maladie, mais aussi les coûts plus indirects, comme son remplacement. En cas de décès, il faut donner un prix à cette vie perdue. Les estimations de la valeur statistique d'une vie humaine varient considérablement selon les méthodes utilisées ou le pays d'origine de la victime. Elles posent aussi de nombreuses questions éthiques. Une autre raison éthique et morale est que Donner un prix n'est pas toujours possible/pertinent. Par exemple : si donner un prix à une vie humaine est sujet à controverses, donner un prix à la nature l'est tout autant. Certains services, comme la pollinisation des insectes, peuvent être estimés, mais avec beaucoup d’incertitudes : il faut par exemple imaginer combien coûterait une pollinisation manuelle ou robotisée. D'autres aspects, comme la destruction d'un paysage ou la disparition d'une espèce, sont quasi impossibles à monétariser. Quelle valeur donner à une espèce, ou à la perte du vivant ? Comment donner un prix à la souffrance animale ? Comment prendre en compte les intérêts des générations futures, et quelle valeur leur donner ? L'ITAB pointe de nombreuses autres difficultés, comme par exemple les effets d'échelle: si une étude estime les services rendus par les insectes pollinisateurs à l'échelle mondiale, il est difficile d'en tirer une voleur à l'échelle locale, ou à l'hectare.
CE QU'IL FAUT RETENIR L'agriculture biologique a davantage d'externalités positives que l'agriculture conventionnelle Certaines externalités négatives de l'agriculture conventionnelle ont un coût pour la société qu'il est possible d'estimer Toutefois, il est impossible de donner un prix à la plupart des externalités (positives comme négatives) L'étude de l'ITAB illustre les limites du raisonnement qui consiste à donner une valeur monétaire aux externalités, positives comme négatives. L'intérêt de cet exercice est plutôt de participer à rendre visibles ces externalités pour pouvoir débattre des différents modèles agricoles, en fonction de leurs effets sur la santé, la biodiversité, les milieux naturels, les conditions de travail ou encore le budget des ménages. Sources : * Sautereau N., Benoît M., 2016. Quantifier et chiffre économiquement les externalités de l'agriculture biologique ? ITAB, 136 p. **CLCV, 2020. Enquête fruits et légumes bio 2020. ***UFC Que Choisir, 2019. Sur-marges du bio, enquête 2019. Que Choisir n°583. Crédit photo : unsplash libre de droit

 

*

Retrouvez les 6 articles du dossier sur la consommation du bio :

  1. Le budget alimentaire des ménages au prisme des coûts du système alimentaire contemporain
  2. La bio : entre objectifs ambitieux et part de marché limitée
  3. Une stagnation de la bio (1/2) ? Décryptage des chiffres et tendances
  4. Une stagnation de la bio (2/2) ? Causes probables et conséquences anticipées
  5. Comment soutenir la consommation bio ? Des leviers à portée des collectivités
  6. Agriculture bio ou conventionnelle : laquelle coûte (réellement) plus cher ?

La suite du dossier

Élodie Rolland (Agribio Rhône & Loire) : « La filière bio a globalement peu de moyens financiers pour réaliser de la promotion des produits bio »

Portrait d'Élodie Rolland

Interview de Élodie Rolland

Chargée de mission communication et circuits courts d’Agribio Rhône & Loire

Dans cet entretien, la chargée de mission communication et circuits courts d’Agribio Rhône & Loire revient sur l’évolution du marché local de la consommation bio et les outils de communication existants sur l’agriculture biologique.

Sophia Majnoni d'Intignano (FNAB) : « Le marché bio souffre d'une mauvaise compréhension des enjeux et des idées reçues sur les prix »

Sophia Majnoni d'Intignano (FNAB)

Interview de Sophia Majnoni d'Intignano

Déléguée générale de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique

Dans cet entretien, la Déléguée générale de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique identifie les facteurs de la crise conjoncturelle de certaines filières bio et évoque les leviers d’action qui pourraient être mobilisés par les collectivités locales.

Natacha Sautereau (ITAB) : « D’un point de vue des politiques publiques, cela a du sens d’accompagner fortement le développement de l’agriculture biologique »

Portrait de natacha sautereau

Interview de Natacha Sautereau

Coordinatrice du pôle Durabilité-Transition de l’Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation biologiques (ITAB)

Peut-on quantifier les coûts indirects de l’agriculture conventionnelle et de l’agriculture biologique sur l’environnement et la santé ? Dans cet entretien, la co-autrice d’une étude de l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques revient sur la méthodologie utilisée et les résultats obtenus.

En lien avec le sujet