La réduction des émissions de gaz à effet de serre constitue bien entendu un objectif essentiel. C’est un impératif de civilisation. Toutefois, si l’on se place du point de vue de ce qui motive l’action au quotidien, on peut penser que l’enjeu énergétique peut constituer un véritable moteur de changement. Pourquoi ? Parce que comme le souligne Dennis Meadows (ndlr. le rédacteur de la partie énergie du rapport « The Limits to Growth » publié en 1972 par le MIT), si la question climatique est « globale » et appelle des solutions « globales », la question énergétique, elle, est universelle en ce sens qu’elle touche chacun d’entre nous. Et qu’une action individuelle est possible, sans autre niveau de décision, et permet d’en observer le résultat économique dans un horizon de temps relativement rapproché. La bonne nouvelle est que les deux causes convergent : en agissant à court terme, je sers le long terme. C’est si rare !
Pour comprendre la logique territoriale, il faut rappeler que les sommes dépensées par les consommateurs pour payer leurs factures d’énergie sont considérables et en augmentation régulière. Le montant des dépenses consacrées à l’énergie (taxes incluses) est d’environ 1 000 euros par habitant et par an, sans compter les dépenses de carburants et les grandes entreprises (sur lesquelles une action publique locale n’a pas de prise). Cela signifie que sur un territoire d’un million d’habitants, c’est un milliard d’euros par an qui est ainsi dépensé.
Or, la quasi-totalité de ces dépenses quittent le territoire où résident les consommateurs sans qu’on s’y intéresse vraiment. Ces dépenses sont considérées comme fatales. Alors que l’on se préoccupe à nouveau de connaître les flux énergétiques qui traversent nos territoires ainsi que les émissions de gaz à effet de serre qu’engendrent nos consommations, peut-on rester ignorant de leur traduction financière ?