C’est encore un peu tôt pour parler de réalisations concrètes en France, directement issues de ces rencontres inter-entreprises. Ce que l’on peut d’ores et déjà souligner cependant, c’est la productivité de ces démarches. Comme je le disais, dans le cadre de la démarche PASI à Grenoble, en deux ateliers réunissant une dizaine de participants à chaque fois, nous avons identifié environ 80 synergies potentielles. En Aquitaine, le premier atelier du PNSI a rassemblé une quarantaine de participants et permis d’identifier plus de 200 ressources et plus de 500 synergies potentielles ! Cela donne une idée du pouvoir accélérateur de ce type de démarche : il aurait sans doute fallu des mois de recueil de données avec une analyse de flux plus classique, pour être en mesure de dégager autant de pistes de synergies.
Pour avoir une vue des impacts finaux de ce type de démarche, on peut se référer au NISP qui a procédé à une évaluation des synergies mises en œuvre depuis une dizaine d’années au sein d’un réseau de plus de 15 000 entreprises. Parmi les impacts relevés à l’échelle du pays on peut citer les résultats suivants : 47 millions de tonnes de déchets industriels détournés des sites d’enfouissement, 1 milliard de livres de revenus supplémentaires pour les entreprises, 2 millions de tonnes d’émissions de carbone évitées, 1 milliard de livres d’économies grâce à la réduction des coûts d’élimination, de stockage, de transport et sur les achats, plus de 10 000 emplois générés, 73 millions de m3 d’eau industrielle économisées, 60 millions de tonnes de matières vierges économisées…
En conclusion, je dirais que le terrain confirme ce qui était déjà ressorti de mon travail de thèse[3] : en matière de démarche d’écologie industrielle, il n’y a pas d’approches miracles, ce qui veut aussi dire – et c’est une bonne nouvelle - qu’il n’y a pas a priori de mauvaises méthodes. Métabolisme territorial, analyse exhaustive de flux, ateliers de rencontres inter-entreprises, etc. chaque approche présente un intérêt à mettre en perspective avec les objectifs poursuivis : l’analyse de flux est excellente pour produire de la connaissance et apparaît comme un outil extrêmement utile d’aide à la décision, de définition de stratégies et de gestion des territoires ; les ateliers qui s’appuient sur les besoins exprimés des acteurs économiques sont eux une base solide pour amorcer des actions concrètes. Entre les deux, à chaque porteur de projet de placer le curseur !
L'Ecologie Industrielle et Territoriale: adapter les outils aux résultats attendus