C’est une très bonne question, que se posent d’ailleurs nos élus de la CCI. Certains d’entre eux nous demandent parfois de lever pied avec les grandes enseignes. Ce que je peux vous répondre tout d’abord, c’est qu’il faut avoir conscience que Lyon est très attractive auprès de ces grandes enseignes. Elles manifestent leur intention de s’implanter ou de renforcer leur implantation dans notre agglomération. De notre point de vue, il ne parait pas judicieux de vouloir ignorer, voire freiner, cette demande. Si l’enseigne Celio décide d’ouvrir deux nouvelles boutiques, elle y parviendra avec ou sans nous. Il nous semble donc préférable de s’associer à ces projets d’implantation de façon à leur donner une orientation la plus favorable par rapport au développement du tissu commercial de l’agglomération. Pour ce faire, nous organisons chaque année avec le Grand Lyon un salon qui s’appelle « Lyon VisioCommerce ». Celui-ci est entièrement dédié aux enseignes désireuses de se développer dans l'agglomération lyonnaise. Lors de la dernière édition en 2013, nous avons ainsi accueilli les développeurs d’une trentaine d’enseignes auxquels nous avons présenté les résultats de la 9ème enquête consommateurs de la CCI, la stratégie d’urbanisme commercial de l’agglomération, des sites à fort potentiel commercial, etc. On note d’ailleurs que cette opération « Lyon VisioCommerce » fait des émules puisqu’elle s'est développée à Marseille, Nantes, Saint-Nazaire, Montpellier, Rennes et Bordeaux.
Un autre argument en faveur de l’accueil des grandes enseignes est qu’elles tirent vers le haut les commerces indépendants. Par leur communication, par le soin qu’elles apportent à leurs vitrines, etc., elles créent un effet d’émulation qui tend à renforcer la qualité du tissu commercial. De même, elles constituent une source d’inspiration pour tous les porteurs de projet qui souhaitent créer un nouveau concept commercial. L’agglomération est un bon terrain pour faire son benchmark !
Troisièmement, je pense qu’il y a également un enjeu fort à travailler avec les dizaines de grandes enseignes nationales ou internationales déjà implantées dans l’agglomération, et en particulier avec les groupes qui les détiennent. On pense par exemple au groupe Beaumanoir qui possède les enseignes « Morgan », « La City », « Bonobo » ou encore « Cache-cache » et dont les points de vente dans l’agglomération représentent plusieurs centaines d’emplois, des centaines de milliers d’euros de chiffre d’affaires, de la fiscalité locale, etc. Idem pour une enseigne comme Celio qui compte sept boutiques et des dizaines d’emplois dans l’agglomération. On pourrait être tenté de se désintéresser de ces enseignes une fois qu’elles sont implantées, en considérant notamment que leur développement se décide au niveau de la tête de réseau et non à l’échelle des territoires d’implantation. De mon point de vue, ce raisonnement est erroné car on a sans doute intérêt à ce que ces enseignes réussissent elles-aussi à faire face aux mutations du commerce et on peut considérer que cette capacité se joue aussi au contact du terrain. Comment peut-on les accompagner dans leur développement, qu’a-t-on à leur proposer pour les aider au niveau de la formation, des besoins de mobilité des salariés, etc. ? Pourquoi ne pas étendre l’accompagnement des « grands comptes » développé par le Grand Lyon aux grandes enseignes du commerce ? L’enjeu parait d’autant plus important lorsqu’il s’agit de points de vente en franchise, c’est à dire adossés à des entrepreneurs lyonnais indépendants. Je suis convaincu qu’il y a là tout un pan nouveau à explorer.
En revanche, le bémol que l’on peut apporter à ce que je viens de dire est bien évidemment la tendance à l’uniformisation du tissu commercial. Car ce qui fait la qualité de ce dernier c’est aussi sa diversité. Après le débat sur la concurrence entre le centre et la périphérie, qui s’est relativement apaisé aujourd’hui, la question de l’uniformisation commerciale est sans doute le prochain débat qui s’ouvre aujourd’hui.