Je m’intéresse au Plan Climat quasiment depuis le début de son élaboration. Je l’ai vu se développer et « faire sa place » dans l’action urbaine et les politiques publiques métropolitaines. Un des aspects intéressants dans le cas de Lyon est l’articulation entre climat et énergie : en quelque sorte l’énergie a « fait son nid » dans le climat. La très récente montée en compétence sur l’énergie trouve son origine dans la démarche de développement durable héritée des années 90, puis dans le Plan Climat initié au milieu des années 2000. C’est ce qui a permis d’asseoir cette prise de compétences sur l’énergie, qui est aujourd’hui devenu le sujet le plus saillant. C’est quelque chose qui m’intéresse aussi du point de vue théorique : comprendre les trajectoires singulières de sujets, d’objets qui deviennent des problèmes spécifiques puis des politiques publiques.
En revanche, pour reprendre ce que l’on disait au début : sur le plan de l’action publique réelle, les infrastructures ne sont pas forcément un “impensé”, en tout cas de ce que j’en ai vu sur l’agglomération. En l’occurrence, les réseaux de chaleur ont très vite été perçus par la collectivité comme un vecteur à mobiliser dans une perspective énergétique et climatique. C'est un service sur lequel il y avait une capacité de penser et de prendre les choses en main au niveau local, ce qui n’est pas vrai par exemple pour la distribution d’électricité, ou d’autres réseaux d’offres énergétiques pour lesquelles on est sur une régulation par des opérateurs essentiellement nationaux. Autrement dit, la question du chauffage n’était pas impensée, au contraire : elle était un élément moteur, une opportunité de saisir et de concrétiser l’action publique énergétique à l’échelle métropolitaine.
Enfin, le développement de technologies « intelligentes » est une dimension importante qui se traduit par des projets d’envergure tels que Smart Electric Lyon. Il y a un investissement significatif des opérateurs fournisseurs d’énergie et d’autres services, des collectivités publiques, et de multiples acteurs qui se retrouvent dans l'intérêt commun à inventer et à expérimenter un certain nombre de dispositifs innovants. Intérêt commun parce que cela représente un marché fondamental pour des investisseurs qui ont besoin de tester in situ leurs futurs produits et services : c’est le principe de la “ville-laboratoire”, en somme. Cela trouve écho dans la volonté politique de renforcer l’attractivité de l’agglomération, son rayonnement et son développement économique. En tant que chercheur, ce qui m’intéresse c’est de resituer ces dispositifs, qui attirent beaucoup d’attention, dans leur environnement plus large, et de comprendre dans quelle mesure les processus dits de « transition énergétique » se jouent en lien avec l’innovation… mais aussi en dehors.