Oui. Il y a un premier niveau d’économie circulaire, qui est le niveau sur lequel tout le monde s’entend aujourd’hui, c’est-à-dire la croissance verte, l’économie verte : on circularise des éléments épars à l’échelle des sites de production, mais sans aucune vision systémique des flux globaux.
Il existe ensuite une deuxième vision, plus intéressante, qui se concentre sur les flux globaux et se focalise sur les matières en préconisant que le taux de croissance de consommation des matières n’excède pas 1%, au mieux 0,5% par an ; à cette condition, on parvient à circulariser une partie de l’économie.
Le troisième niveau, c’est ce que nous appelons l’économie permacirculaire, qui considère le retour à une croissance de 0,5% par an comme une première étape, avec comme perspective de faire descendre les flux qui sous- tendent nos activités à hauteur de ce que permettent les limites planétaires. On peut se référer aux limites planétaires proposées par Johan Rockström et ses collègues, qui délimitent un espace de sécurité planétaire. En termes de stocks toutefois, pour le carbone et la biodiversité déjà détruite, nous ne reviendrons pas en arrière, en tous cas pas à l’échelle historique. Il convient de ne pas franchir les autres limites et surtout de revenir à des niveaux de flux, que nous n’aurions jamais dû dépasser. Il faut donc faire en sorte que les flux de matières non renouvelables n’augmentent plus, et ensuite qu’ils diminuent, ainsi que le volume de nos activités matérielles. Quant aux matières biologiques, il faut s’engager sur des pratiques régénératives comme l’agroécologie et la permaculture, qui permettent de rétablir des équilibres écologiques, de restaurer les sols, la faune des sols, etc.