Tendances et enjeux des consommations de matériaux
Étude
Un panorama de la consommation de dix matériaux : bois, fibres textiles, caoutchouc, ciment, plâtre, terre cuite, verre, composites, plastique et métaux.
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Article
Un concept aux racines biologiques. Apparue au 19ème siècle, la notion de métabolisme désigne l’ensemble des réactions chimiques internes aux êtres vivants qui leur permet de se maintenir en vie, se reproduire, croître, communiquer, etc. Le métabolisme implique le prélèvement de ressources externes (alimentation) et le rejet de substances à l’issue de ces réactions.
Comprendre le socle matériel et énergétique des sociétés humaines et les enjeux de soutenabilité associés. La notion de « métabolisme socio-économique » désigne la manière avec laquelle les sociétés humaines prélèvent des ressources dans la nature, les transforment et les distribuent pour constituer, entretenir et exploiter leurs structures biophysiques : infrastructures, bâtiments, véhicules, machines et équipements, produits de consommation divers, etc. Elle recouvre également les rejets de déchets et d’émissions dans l’environnement qu’entrainent ces processus. Le concept de « métabolisme socio-économique » ne se résume pas à la métaphore biologique des échanges externes et transformations internes. Il propose une vision systémique des interactions société/nature en reliant l’analyse des stocks et flux biophysiques, et celle des processus sociaux, économiques, politiques ou culturels qui les sous-tendent.
Les énergies fossiles offrent une puissance de travail inédite, permettant de décupler l’exploitation de l’ensemble des ressources naturelles. L’extraction mondiale annuelle de ressources naturelles (énergies fossiles, minéraux métalliques et non métalliques, biomasse) a ainsi été multipliée par 13 depuis 1900, atteignant 86 milliards de tonne en 2015. .
Cet essor s’appuie pour l’essentiel sur l’extraction de ressources non renouvelables. À partir des années 1960, les activités humaines basculent d’un métabolisme reposant principalement sur la biomasse – ressources issues de l’agriculture, de la forêt et de la mer dont le stock peut se reconstituer sur une période relativement courte – vers un métabolisme non renouvelable – combustibles fossiles et dérivés, minerais métalliques, minéraux de construction, minéraux industriels. Cette évolution reflète non pas un recul de l’extraction de biomasse, qui a quadruplé sur la période, mais une augmentation bien plus rapide encore (multiplication par 30) de l’extraction de ressources non renouvelables.
In fine, ces extractions entrainent une explosion des rejets vers l’environnement : émissions atmosphériques, excréments et rejets de stations d’épuration, polluants industriels, déchets solides et liquides, flux dissipatifs lié à l’usure des chaussées et à l’épandage de substances chimiques, etc. Entre 1900 et 2015, la quantité annuelle de matières restituées à l’environnement a été multipliée par 8 pour atteindre 58 milliards de tonnes.
Bien que leur poids dans le métabolisme mondial soit sensiblement moindre que celui des minéraux non métalliques et de la biomasse, les énergies fossiles et les métaux présentent un caractère stratégique pour le fonctionnement et les infrastructures du système économique. Or, si jusqu’ici l’offre est parvenue à suivre la croissance de la demande, cela semble loin d’être acquis à l’avenir. Rencontrant plusieurs limites physiques et économiques, l’extraction de ces ressources devrait s’arrêter bien avant d’arriver au « dernier baril » disponible comme le montre le cas emblématique du pic de pétrole (« peak oil »).
Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, un resserrement de l'offre de pétrole apparait ainsi comme un risque majeur au cours des années 2020, d'autant plus plausible si l'effondrement des investissements observé en 2020 devait se poursuivre.
Si les énergies renouvelables (ENR) représentent désormais près des ¾ des investissements en faveur de la production d’électricité au niveau mondial, plus de 60 % de l’électricité est encore produite à partir des énergies fossiles. Surtout, l’exploitation des énergies fossiles représente toujours plus de la moitié de l’ensemble des investissements dans de nouvelles capacités de production d’énergie dans le monde.
À l’image du « Sustainable Development Scenario » (SDS) de l’AIE, les scénarios de transition énergétique visant une décarbonation et une électrification du mix énergétique mondial s’appuient un déploiement massif des technologies bas-carbone : éolien, photovoltaïque, véhicules électriques en particulier. Mais ces scénarii volontaristes font face à plusieurs difficultés :
Par ailleurs, notons que jusqu’ici, toute nouvelle ressource énergétique s’est additionnée aux précédentes : si la part relative des énergies renouvelables dans le mix énergétique progresse, cela ne signifie pas nécessairement que la consommation en valeur absolue des autres sources d’énergie est en train de décroître. Au regard de l’expérience des dernières décennies, nous ne sommes jamais sortis de l’âge du charbon puisque nous n’en avons jamais extrait autant qu’aujourd’hui, même si sa part relative a diminué.
En théorie, le recyclage peut permettre de réduire la pression sur les ressources naturelles, de baisser les coûts de production et de diminuer les rejets ultimes de déchets dans l’environnement. Les marges de progrès s’avèrent d’ailleurs très importantes : en 2017, seuls 27 % des déchets étaient recyclés à l’échelle mondiale. Parmi les métaux, seuls les plus utilisés (cuivre, plomb, fer, aluminium…) ou les plus précieux (or, argent, platine) bénéficient d’un taux de recyclage importants.
Néanmoins, les efforts de recyclage butent en pratique sur plusieurs freins :
Introduit en 2009 par des scientifiques spécialistes du système Terre, le concept des « limites planétaires » a permis d’identifier 9 processus déterminant les équilibres biophysiques de la planète, c’est-à-dire les interactions de la terre, de l'océan, de l'atmosphère et de la biosphère qui, ensemble, fournissent les conditions d’existence dont dépendent nos sociétés. À chaque processus correspond une limite critique dont le franchissement soulève un risque de changements globaux abrupts ou irréversibles du système Terre vers un état préjudiciable pour le développement humain.
Ces travaux montrent que de nombreux processus du système Terre sont étroitement liés, ce qui signifie que la détérioration de l’un peut aggraver la situation d’un ou plusieurs autre(s), avec des effets en cascade qui peuvent s’avérer catastrophiques. Par exemple, le changement climatique est une cause majeure d’érosion de la biodiversité et d’acidification des océans. Ces analyses révèlent aussi, et surtout, que six limites seraient désormais franchies : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, le changement d’affectation des sols et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère et plus récemment de l’eau verte.
Or, le risque de dépassement des limites planétaires dépend de l’évolution du métabolisme de l’économie mondiale, et plus précisément de l’ampleur et de la nature de l’extraction de ressources. Autrement dit, le respect des limites planétaires exacerbe la contrainte de ressources au-delà des enjeux de disponibilité, en ajoutant notamment une limite climatique :
En conclusion, les pressions environnementales induites par les activités économiques soulèvent un risque de dépassement des limites planétaires, comme l’illustre le schéma ci-dessous.
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