Tendances et enjeux des consommations de matériaux
Étude
Un panorama de la consommation de dix matériaux : bois, fibres textiles, caoutchouc, ciment, plâtre, terre cuite, verre, composites, plastique et métaux.
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Étude
Retrouvez l'étude complète, à télécharger ici :
Introduction générale. Les matériaux, un enjeu d'avenir pour le territoire métropolitain (Page 3)
Introduction aux procédés techniques (Page 5)
Panorama des tendances sur les procédés techniques (Page 10)
Focus sur quelques procédés clés (Page 19)
Analyse transversale (Page 51)
Annexes (Page 55)
Le panorama des tendances et les focus illustrent la grande vivacité des innovations de procédé et leur impact sur la production, l’utilisation et la fin de vie des matériaux. Quelques éléments d’analyse ressortent de la lecture transversale de ces focus.
Le tour d’horizon offert par cette étude permet de constater que les procédés de transformation de la matière ont joué un rôle central dans l’évolution des techniques au cours de l’histoire, avec une diversification et une complexification spectaculaire depuis la révolution industrielle – et plus encore au cours des dernières décennies. Ces innovations ont été en grande partie motivées par une recherche de gains de productivité et d’efficacité au service de modèles économiques capitalistes, globalisés et s’inscrivant dans une idéologie de la modernité et du progrès.
Dans un contexte d’abondance énergétique, de transition numérique et de mondialisation de l’économie, cette course à la productivité a eu au cours des dernières décennies des conséquences qui sont de plus en plus perçues comme négatives – en particulier une perte de souveraineté des États et une accélération de la destruction des conditions de vie (climat, biodiversité, etc.).
Les innovations de procédés reposent aujourd’hui en grande partie sur ce dilemme : parvenir à atteindre une certaine compétitivité/rentabilité tout en participant à la transition écologique, et sans mettre en péril la souveraineté des États.
La complexification des procédés se traduit par une intensification technologique croissante, qui va de pair avec des chaînes de valeur spécialisées et globalisées. Elle entraîne également une « fermeture » des usages (impossibilité de réparer et d’agir en autonomie sur les produits / procédés) et augmente les dépendances des territoires les uns envers les autres.
Les logiques de croissance économique et de consommation sont tirées par ces innovations technologiques pour créer de la différenciation « produit » et de la productivité. À l’inverse, des procédés à plus basse intensité technologique existent. Ils sont pour la plupart déjà disponibles (procédés hydro-mécaniques par exemple), ouverts – au sens de Gilbert Simondon – et en plus, pour les low tech, conviviaux, au sens d’Ivan Illich. Ils vont de pair avec des emplois plus nombreux (moins d’automatisation), une territorialisation des chaînes de valeur, une empreinte écologique plus frugale et des modes de consommations plus sobres. Ils peuvent également, comme c’est le cas des technologies vivantes, s'inscrire dans les cycles biogéochimiques du vivant sans les perturber.
Le choix des procédés induit donc des systèmes sociotechniques et d’infrastructures différents en fonction de leur intensité technologique. Le passage à l’échelle de ces procédés conditionne ainsi les territoires. Par exemple, l’hyperconnexion des machines est lié au déploiement d’infrastructures permettant la 5G et une dépendance aux pays détenteurs de technologies de pointe ; la fast fashion est liée à une délocalisation des procédés de fabrication dans les pays à bas coûts et des flux de déchets dirigés vers les pays en voie de développement ; le développement du remanufacturing est lié à la promotion de labels européens, il s’appuie sur des outils industriels en partie déjà existants et le développement de l’emploi local sur des métiers manuels, etc.
D’autres clivages apparaissent autour de ces enjeux d’intensité technologique : par exemple, en matière de transition écologique, la tendance de nombreuses innovations semble encore s’inscrire dans une optique de soutenabilité faible, caractérisée par l’idée que les innovations technologiques (parfois de rupture) permettront de répondre à l’essentiel des défis écologiques. Pourtant, une part grandissante de la communauté scientifique nous alerte sur la nécessité d’une soutenabilité forte pour maintenir les conditions d’habitabilité de la terre. En termes d’innovation, il s’agirait ainsi de miser tout autant sur l’innovation sociale et comportementale que sur l’innovation technologique – et même dans certains cas d’aller vers une forme de désinnovation.
Ces quelques exemples montrent que, même pour atteindre un objectif aujourd’hui consensuel comme la neutralité carbone, il existe une pluralité de chemins possibles, mobilisant des formes d’innovation, de technologies et de procédés très différents. En la matière, rien n’est encore écrit, comme l’Ademe a par exemple commencé à l’illustrer à travers ses différents scénarios de transition vers un monde post-carbone.
La transition écologique et énergétique est aujourd’hui au cœur de nombreux discours sur les innovations de procédés. Or la comparaison des technologies proposées fait parfois apparaître des écarts entre, d’un côté, des technologies de faibles intensité technologiques qui pourraient être rapidement mises en œuvre et, de l’autre, des technologies disruptives qui demandent encore du temps avant d’être déployées – si tant est qu’elles le soient réellement un jour. En contexte d’urgence écologique ou climatique, cette temporalité dans les horizons de déploiement peut jouer un rôle crucial.
Les évolutions de procédés se sont opérées jusqu’à présent sans parvenir à diminuer les flux de matière et d’énergie. Ce contexte de disponibilité des ressources est aujourd’hui remis en cause. Tout laisse en effet à penser que la confrontation avec certaines limites physiques nous amène à devoir composer avec moins d’eau disponible, moins d’énergie et sans doute moins de ressources matérielles.
La rareté et les pénuries vont ainsi devenir une nouvelle donne à prendre en compte tant la consommation exponentielle des ressources va devenir de plus en plus impossible, pour des causes d’approvisionnement ou de réglementation.
D’ores et déjà, on a pu voir certains procédés se retrouver à l’arrêt du fait de ces conditions dégradées : des centrales nucléaires arrêtées en période de canicule et de sécheresse, des entreprises grosses consommatrices de gaz obligées d’arrêter leurs fours du fait de la guerre en Ukraine, etc. Certains procédés sont plus résilients que d’autres face à ces menaces de pénurie :
Enfin, les relocalisations de certains procédés (et plus généralement la réindustrialisation) sont depuis quelques années avancées comme des solutions pour répondre aux enjeux de souveraineté et de transition écologique (mix énergétique moins carboné en Europe, réglementation plus stricte du point de vue environnemental, réduction des émissions liées au transport, etc.).
Mais si cette relocalisation des procédés industriels semble faire l’unanimité, elle est en réalité confrontée à de réels freins, comme la concurrence des coûts de production, la perte de savoir-faire, la concentration capitalistique des outils industriels et des capacités d’innovation, l’accès aux matériaux, l’acceptabilité sociale des nuisances liées à certains procédés industriels ou d’extraction, etc.
La relocalisation passera par une réindustrialisation et une vraie volonté publique. Elle devra être pensée à l’échelle des territoires tant l’opérabilité des procédés techniques dépend des bassins de compétences et des capacités industrielles déjà installées. Pour que la réindustrialisation réponde aux enjeux d’autonomie et aux attentes sociales, la réflexion et la planification des filières devra intégrer l’ensemble du cycle de vie des produits. Pour les procédés, cela voudra dire de penser un développement intégrant, au-delà de la production du produit neuf :
Étude
Un panorama de la consommation de dix matériaux : bois, fibres textiles, caoutchouc, ciment, plâtre, terre cuite, verre, composites, plastique et métaux.
Étude
Un panorama de huit filières bouleversées par les évolutions de matériaux : construction-bois, textile, papier-carton, métallurgie, chimie, automobile, énergies renouvelables et électronique.
Étude
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