La consommation de bio à la croisée des chemins

Installée depuis plusieurs décennies, l'agriculture biologique semble confrontée à un brutal ralentissement de la consommation.

Ce modèle, qui vise à respecter les cycles naturels, la biodiversité et les écosystèmes, constitue une réponse soutenable à l’agro-industrie conventionnelle, qui repose sur l’industrialisation de la production agricole, l’utilisation massive d’intrants chimiques, et la complexification du système alimentaire (produits transformés concentration autour de géants de la distribution).

Après une croissance soutenue depuis les années 1990, le marché de l’alimentation bio avait atteint en 2020 environ 6,6 % du budget alimentaire des ménages. L’agriculture biologique représentait alors 10 % de la surface agricole française.

Depuis 2021, les médias font état d’une « crise de l’alimentation bio », qui se retrouverait autant au niveau de la production que de la distribution et de la consommation. Certaines filières se sont-elles converties trop vite ? Les magasins dédiés sont-ils trop nombreux ? La bio est-elle bien perçue ?

D’un côté, la conjoncture inflationniste actuelle tend le marché de l’alimentaire dans son ensemble. Les perturbations pourraient donc n’être que passagères.

De l’autre, des facteurs structurels posent question : plafond de la consommation, perte de confiance envers le cahier des charges bio, multiplication des labels, concurrence des aspirations et valeurs (moins d’emballage, privilégier le local).

Où en est-on alors ?

Ce dossier décrypte des statistiques officielles et les met en perspective, en donnant la parole à des acteurs de terrain et à des spécialistes.

Il replace la situation de l’alimentation biologique dans une réflexion plus large sur le système alimentaire, ainsi que sur les externalités positives et négatives de chaque modèle.

Il présente enfin les leviers d’action disponibles à l’échelle des collectivités locales.

Inscrit dans le présent, il ne va pas jusqu’à interroger ce que serait un modèle agricole entièrement biologique ou les nouveaux enjeux que poserait ce changement de paradigme (productivité des récoltes, concurrence des usages des sols avec d’autres impératifs économiques ou environnementaux.