Christian Delorme était très présent, plus proche des jeunes que Jean Costil par exemple. Il était réellement influent.
Par ailleurs, je connaissais bien Andrée Chazalette, très impliquée aussi, car j’ai travaillé avec elle au GSU (Groupe de Sociologie Urbaine). Il faut dire que j’ai un itinéraire de formation et professionnel un peu atypique. Dans un premier temps, j’ai fait une formation en langues mortes. Puis, j’ai suivi un cycle en sociologie qui m’a conduit à travailler pour le GSU, l’Alpil ou encore le GETUR. Cependant j’ai eu du mal à être entre le marteau et l’enclume, à conduire des études qui servent de caution.
Je me souviens notamment d’une enquête auprès d’habitants des Buis, un quartier de Montbéliard. Nous les interrogions sur les aménagements qu’ils souhaitaient dans l’espace public alors que leur première et profonde demande portait sur l’isolation des logements pour pouvoir dormir. Le quartier abritait de nombreuses grandes familles, les pères faisaient les trois huit et, les cages d’escaliers comme les logements étaient très mal isolés. Nous avons proposé d’isoler au moins une chambre par appartement, souligné cette aspiration légitime des habitants à pouvoir dormir, mais on n’a pas apprécié qu’on ne réponde pas directement à leur demande. L’étude a terminé dans un tiroir.
Je me souviens aussi d’avoir conduit une étude à Chambéry qui a contribué à vider le centre des personnes âgées, des pauvres et des Arabes. C’est peut-être dans l’ordre des choses, mais je n’avais pas envie de cautionner. En 1985, j’ai commencé à me consacrer uniquement à la médecine et à mettre un terme à ce travail de sociologie urbaine. Trop de gens grenouillent dans cet univers uniquement dans le but de récupérer de gros salaires, où mènent des études qui ne servent à rien. Les études de l’Alpil ne sont pas meilleures, ni pires que celles d’autres bureaux d’études. Cependant, les gens de l’Alpil savent de quoi ils parlent. Ils sont présents tous les jours dans les quartiers, proches des gens, d’une proximité incroyable. Quant aux élus, oui, on les voyait, mais il fallait leur courir après ! Ils ont fait contre mauvaise fortune, bon cœur. Ils ont pris le train en marche. En fait, ils étaient dépassés, débordés. Des élus de gauche n’allaient pas appeler la police devant les journalistes ! Il fallait gérer autrement. La situation était difficile, mais le Maire de Vénissieux a vraiment soutenu la mobilisation de ses concitoyens.