Si l'on prend au sérieux l'objectif des 2°C, ce qu'ont fait tout une série de climatologues et d'ONG, alors il est nécessaire de geler une très grande majorité – de 66 % à 80% selon les calculs – des réserves de pétrole, de gaz et de charbon. Dit autrement, les entrailles de la Terre contiennent suffisamment de pétrole, de gaz et de charbon pour déclencher un réchauffement climatique supérieur à + 10 °C : à moins d’être climato-sceptique ou complétement insensé, chacun doit convenir que nous faisons face à un trop-plein d'énergies fossiles, pas à une pénurie. On ne manque pas d'études scientifiques pour appuyer ce résultat. Pourtant, en plus de vingt ans de négociations de l’ONU sur le changement climatique, il n’a jamais été question de laisser tout ou partie des réserves d’énergies fossiles dans le sol : aucun État, aucune multinationale et aucune institution internationale n'a jamais proposé de limiter à la source la production de charbon, de gaz et de pétrole dans le cadre des négociations. Mieux, l'Accord de Paris ne comprend même pas le terme d'énergies fossiles. En cuisine, lorsqu’une marmite commence à déborder, personne ne se contente d’en essuyer les rebords ou de maintenir le couvercle de la marmite coûte que coûte. Chacun sait qu’il faut au plus vite enlever la casserole, ou bien réduire fortement la puissance du feu de la cuisinière, pour stopper les frais et éviter la catastrophe. Réduire la puissance du feu, s'attaquer à la source du réchauffement climatique, c'est-à-dire aux filières énergétiques fossiles qui alimentent l'économie mondiale, voilà ce qui devrait être fait en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. Mais ce n'est pas ce que prévoit l'accord de Paris.