Il faut faire la différence entre l’activation des personnes et l’activation des politiques. Quand on parle de l’activation au Royaume Uni, on pense à l’activation des personnes, avec le côté contrôle, sanction, version dure des contreparties, alors que l’activation des politiques et des dépenses passives nous amène plutôt sur des politiques tournées vers l’avenir, et donc à la notion d’investissement. Chez Esping Andersen, c’est une version sociale de l’investissement, une réflexion sur le cycle de vie des individus et la succession des générations. Mécaniquement, on s’éloigne de la version responsabilisante libérale de l’activation des individus. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il est important d’utiliser des mots différents. Investir massivement dans les crèches et dans l’éducation n’est pas la même chose qu’activer des allocataires. J’ajouterais qu’ Esping Andersen amène une explication de l’activation qui est différente, elle est fondée sur des études qui permettent de mesurer l’efficacité de l’investissement. C’est d’ailleurs pour ça qu’il utilise le mot investissement. Prenons la politique d’éducation. Selon son raisonnement, elle ne relève pas seulement d’un droit accordé aux citoyens, elle est surtout un volontarisme de l’’État qui décide d’investir à un moment donné sur des individus, parce qu’il estime que c’est ainsi qu’il dégagera la plus-value sociale la plus intéressante, qu’il réduira le mieux les inégalités, répondra aux défis de la société de la connaissance, et aura une société performante. Droit ou investissement, l’argumentation et les motifs ne sont plus les mêmes. Avec l’investissement social, la France peut mener la même politique qu’avant, éventuellement avoir les mêmes résultats, mais au nom d’une logique nouvelle et en tout cas différente.