Je pense que oui. Les États-Unis n’ont pas hésité à taper fort pour freiner l’importation de véhicules électriques chinois. Il est important de comprendre que la pression concurrentielle croissante exercée par la Chine entrave la capacité de l’industrie européenne à réaliser les volumes dont elle a besoin pour amortir ses investissements et accélérer la transition vers l’électrique.
Il faut rappeler sur ce point que l’ambition industrielle de long terme de la Chine se traduit notamment par des subventions massives aux industriels pour casser les prix de manière artificielle. D’ailleurs, il suffit de voir que la plupart des constructeurs chinois sont en perte ! Protéger le marché européen, c’est se donner les moyens d’empêcher cette stratégie de pourrissement pour éliminer les concurrents, comme on a pu le voir par le passé sur le photovoltaïque.
C’est dans ce type de situation que le soutien apporté par le politique a tout son sens pour aider les entreprises à investir avec plus de confiance. Les entreprises n’ont la main que sur leurs activités et leurs résultats. Elles ne peuvent contrebalancer à elles seules les stratégies commerciales d’une puissance économique comme la Chine.
Cela étant dit, il n’est pas si simple d’augmenter les droits de douane en Europe, car la Chine menace de faire de même sur les exportations européennes. Cela place les politiques face à un dilemme : faut-il protéger l’automobile au détriment d’autres filières exportatrices ?
À moyen terme, et principalement en Europe, un autre moyen de réduire la facture pour les propriétaires de véhicules électriques est de rémunérer la fonction de stockage des batteries. En clair, lors des pics de consommation le matin et le soir, l’électricité stockée dans les batteries pourrait être restituée au réseau électrique pour éviter de produire l’électricité supplémentaire nécessaire à ces moments-là.
Selon des estimations, les 10 millions de véhicules électriques que l’on compterait en France en 2028 permettraient d’éviter la production de deux réacteurs nucléaires. Saisissons-nous de cette opportunité avec les projets « Véhicle To Grid », où le véhicule fait partie de l’écosystème de l’énergie.