Le concept de laïcité est largement galvaudé. La laïcité, c’est d’abord l’affirmation de la liberté de culte, l’exclusion de la religion des choses publiques, mais aussi la protection des cultes par un État qui, lui, doit se garder de toute prise de position. La loi de 1905 le pose très clairement. Ce concept est pris en otage pour plusieurs raisons qui ne sont pas mutuellement exclusives.
Tout d’abord, il y a une raison anthropologique. Notre société moderne manque de spiritualité et de transcendance, que ce soit Dieu, ou des idéologies. Or, tout un chacun est en quête de réponses existentielles. Je le vois dans les missions locales où je travaille avec les jeunes. Ils sont complètement perdus, à la recherche de réponses. La laïcité, c’est la liberté de choisir, mais ce n’est pas elle qui va leur apporter une réponse.
Ensuite, il y a une instrumentalisation politique de ces questions avec des amalgames et des radicalisations de tous les côtés. Il y a toujours eu, partout, des radicalisations par des personnes qui prennent les choses à la racine, sans possibilité de négociation ou de compromis, qui vont parler au nom d’une transcendance qui est par nature inaccessible à un raisonnement humain. Dans ces cas-là, la laïcité peut faire figure d’« obstacle » à cette conception de la transcendance. C’est pour cela que certains la combattent.
Enfin, il faut rajouter des phénomènes complexes comme la question du voile des jeunes adolescentes. Je suis convaincu que ce sont les mêmes qui, en France, se battent pour porter le voile et qui, en Iran, se battent pour de ne pas l’avoir. C’est une rébellion contre l’ordre établi et une quête de sens. Tout cela dit la nécessité de débattre encore et encore.