À la DRAC, alors que les années Lang permettaient le développement des services déconcentrés de la culture, j’étais au cœur des mouvements des années 1990 de prise en compte des publics et des territoires, et des nouvelles formes artistiques.
Petit à petit, on a eu le souci de repérer tous les groupes de danse urbaine qui pouvaient exister dans les quartiers de la région Rhône-Alpes. Et en 1992, avec le FAS, nous avons co-produit l’ouvrage Danse, ville, danse, qui a été assez fondateur de tout un parcours de reconnaissance et de visibilité des danses urbaines en amont du Défilé.
À cette époque c’était l’effervescence de groupes de danse hip-hop puisqu’on en a recensé plus d’une centaine (Traction Avant, les B-Boys Breakers, Accrorap, etc.). En 1992 à Villefranche-sur-Saône a été organisée une manifestation artistique, Danse, ville, Danse, qui a permis de voir un grand nombre de ses groupes sur scène, qui dégageaient une énergie très forte... Et tout de suite, Guy Darmet le directeur artistique de la Biennale de la danse, a compris qu’il y avait dans ce mouvement-là un possible renouvellement des formes chorégraphiques et des publics de la danse.
C’est un peu sur cette base qu’est né le Défilé, je pense qu’on peut retenir ces trois ingrédients : l’effervescence des quartiers et le repérage des groupes de la région, la volonté motrice de Guy Darmet qui a vraiment insufflé l’idée, et l’important soutien de l’État pour le financement et la reconnaissance des danses urbaines.
Donc, petit à petit, il y a eu ce cheminement, et le premier Défilé a marqué quelque chose d’essentiel : la présence dans la ville d’une diversité culturelle qui était vécue de manière très positive. On ne voulait pas reprendre l’angle des médias sur cette diversité, mais au contraire montrer l’aspect festif, de rencontre, de croisement, d’ouverture, tout ce qui fait la ville aujourd’hui. Car j’avais une définition de la culture qui était « les mille et une manières de vivre ensemble autour d’un projet commun ».
Il y a le but commun d’une journée festive exceptionnelle, mais les gens vont le composer de manière multiple, car ils ont des identités multiples. C’est ça qui fait la force du Défilé. Parce qu’à l’époque, Lyon c’était les Pennons, une fête Renaissance, et d’un seul coup, c’était la vitalité des banlieues qui arrivait au centre de Lyon pour exprimer une joie, une fête, et ça, c’était absolument magnifique.