Du temporaire au transitoire, retour sur la prise en compte du temps dans l’urbanisme
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Quand le temps devient un outil d’aménagement de l’espace
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Fabriquer la ville de manière collaborative et ouverte
Que retenir de Gare Remix ?
http://garemixsaintpaul.grandlyon.com/
La mission Temps et services innovants de la Métropole de Lyon s’est associée, pour mener à bien ce projet à l’expérience de l’équipe d’Erasme, le centre d’innovations numériques de la Métropole de Lyon, qui a cofondé Museomix, le premier « makeathon » culturel organisé chaque année dans des musées en France et dans le monde. Cette méthode de cocréation de nouveaux outils, services ou aménagements sur un temps court (trois jours) a fait ses preuves et inspire largement la dynamique de Gare Remix. Ont été également associés à ce projet les compétences des services déplacement, de la voirie et de l’aménagement de la Métropole.
Remix, laboratoire ? De quoi parle t-on ?
Plus de 6 mois de préparation, 3 jours intenses, 41 remixeurs, 7 prototypes de nouveaux services en gares…
On en retient plus de 6 mois de préparation rassemblant progressivement les structures partenaires du projet ; Métropole de Lyon, Région Rhône-Alpes, SNCF/Gares&Connexions, Ville de Lyon et Sytral, accompagnée par l’agence Nova 7, autour d’un projet commun.
Vu de l’intérieur, on retient de cette phase de préparation la constitution d’une communauté de professionnels avec des modes de faire et approches très variés et riches (prospective, mobilité et services en gare, nouveaux usages numériques, communication, culture, aménagement…) réunis pour l’occasion, enthousiastes à l’idée de remixer une gare. Chacun libérant de l’énergie et du temps pour la préparation mais aussi fortement mobilisés pendant l’événement pour s’embarquer pleinement dans une dynamique événementielle fédératrice et conviviale où chacun a mis les mains dans le cambouis.
3 jours de Remix ou l’expérience d’un laboratoire temporaire d’innovation installé dans la gare Saint-Paul pour tenter de transformer un « non lieu » en un « tiers-lieu » le temps d’un grand week-end.
Défi relevé ! La gare Saint-Paul a été « hackée » à l’image des musées qui sont chaque année de plus en plus nombreux à se laisser investir par des geeks, des créatifs, des médiateurs… et à l’image demain peut être d’autres morceaux de ville remixés.
La particularité et l’intérêt de l’événement résident bien dans la méthode du Remix qui amène sur un temps très court à revisiter un lieu, ses fonctions, ses usages et surtout à le transformer, physiquement et symboliquement.
La gare Saint-Paul est ainsi devenue tout à la fois un laboratoire d’idées, un espace de co-working temporaire et un atelier de fabrication !
L’exigence d’efficacité posée par la méthode, le pari de départ de concevoir et prototyper en 3 jours en équipe de nouveaux services pour la gare, peut apparaitre tout à la fois comme contraignante et comme une opportunité.
Elle rend nécessaire le déploiement d’une organisation complexe, autour des remixeurs pour les outiller et leur fournir un environnement de travail confortable et pratique. Aux côtés des 41 remixeurs c’est presque autant de personnes mobilisées pour : accueillir et renseigner les passants et riverains, communiquer sur l’événement en cours, animer l’événement et gérer les imprévus, aider les équipes à faire avancer et aboutir leurs projets, etc.
Elle favorise à certains égards l’esprit collaboratif et la créativité, le foisonnement et l’émulation collective et produit une dynamique fédératrice et conviviale unique. Les « facilitateurs » accompagnant chacune des équipes, ont fait appel aux « coachs » pour permettre une expertise à une équipe en difficulté ( par ex. les danseurs de la Compagnie Acte au secours d’équipes qui saturent), des passants donnent un coup de main pour transporter des chaises…
On retient donc de cette expérimentation des enseignements en termes d’animation d’un processus de co-conception de services qui pourront être mis à disposition pour, ailleurs, remixer d’autres espaces, d’autres fonctions.
On retient également la dynamique dans le quartier qui s’est créée autour de l’événement, mis en scène astucieusement par les étudiants en design de La Martinière-Diderot, où des individus en gilet de chantier, perceuse à la main ou pianotant sur leur ordinateur, ont peu à peu « remplis » la gare Saint-Paul sous le regard tantôt dubitatif, tantôt amusé des passants et riverains. Ces derniers sautant d’ailleurs sur l’occasion pour se (re)mobiliser en faveur d’une réhabilitation de l’horloge de la gare, inactive depuis des années.
41 remixeurs répartis en 7 équipes pluridisciplinaires ont du composer avec des personnalités, des compétences et des modes de faire différents pour construire ensemble un projet et le prototyper. Une des richesses essentielles de l’événement réside bien là : dans la capacité des participants qui se ne connaissent pas à produire du commun, de la compréhension mutuelle (qui passe aussi parfois par de l’incompréhension et des désaccords) et un projet collectif, puis à le matérialiser en un temps record.
Gare Remix c’est donc aussi la réunion d’une « communauté d’innovateurs », mobilisée pendant 3 jours, pour mettre ses savoir-faire et son énergie au profit d’un projet commun.
L’investissement bénévole des participants pour « faire ensemble » renvoie évidemment (sans pour autant donner d’indications univoques) à la question du renouvellement des formes d’engagement citoyen sur le territoire. On constate en tout cas que l’événement mobilise et génère de l’énergie collective en faveur de la réappropriation d’un « morceau de ville ».
Gare Remix c’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges riches, un « réseau social » et professionnel. Parce qu’il provoque des rencontres étonnantes et des collaborations éphémères, ce type d’événement est potentiellement un catalyseur pour de nouveaux projets professionnels, artistiques, etc.
Il est indispensable que cet investissement remarquable d’énergie et de compétences trouve une forme de rétribution pour que chacun trouve du sens (celui qu’il souhaite y mettre) à sa participation à ce type d’événement ; que ce soit dans la valorisation des projets conçus, les rencontres et apprentissages qu’il y fera, etc. Le contrat initial entre participants et organisateurs est très important ; chacun doit s’investir en connaissance de cause pour éviter les déceptions éventuelles et bénéficier pleinement de ce qu’il souhaite en retirer.
Pour finir, on en retient 7 prototypes et un nouveau regard sur la gare Saint-Paul ; un « pôle d’interconnexions multimodales » certes, mais aussi un lieu d’escale qui peut devenir un « pas de tir » pour aller visiter le quartier Saint-Paul, un lieu de rencontres où l’on peut partager des passions pour le voyage et pourquoi pas le tuning, un lieu où l’on peut se sentir comme à la maison.
Les équipes ont réussi au travers de leurs projets à donner une nouvelle dimension à cette gare, à l’envisager comme un lieu convivial, un espace d’échanges et de rencontres, un lieu de découverte, à susciter l’imaginaire autour du voyage.
Une fois les prototypes installés dans la gare et opérationnels au 3e jour de l’événement 17h, la gare Saint-Paul « augmentée » a accueilli plus de 250 curieux venus tester les services et animations, discuter avec les remixeurs.
Au-delà de la frustration, prévisible des remixeurs de voir les prototypes démontés à la fin du week-end et la gare se vider aussi rapidement, il reste des prototypes et de l’événement des « traces » dans la gare ; des grandes affiches présentant chacun des projets et l’équipe qui l’a conçu. Il reste aussi surtout toute la documentation technique et les scénarios d’usages de chacun des projets, librement accessible.
Si l’événement Gare Remix était bel et bien, à court terme, une transformation éphémère d’un lieu, il a permis de produire de la connaissance, de nouvelles idées et services, qui demeurent et qui pourraient atterrir durablement demain dans cette gare ou ailleurs.
La démarche a aussi commencé à bousculer la culture d’innovation au sein de la collectivité et l’a ouverte aux communautés créatives et citoyennes du territoire. Tous les partenaires impliqués ont envie de reproduire ce type de démarche, pour mobiliser de nouveaux acteurs, l’ouvrir à des collègues, et finalement renforcer la capacité du territoire à se transformer.
Affaire à suivre... puisque la SNCF souhaite affiner 3 des prototypes présentés et les faire tester en gare en situation réelle durant l’année qui vient.
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