On retrouve cette défiance en médecine, quand des gens avec des pathologies lourdes remettent en cause les traitements proposés par le médecin parce qu’ils ont vu sur Internet qu’il ne fallait pas soigner comme ci, mais comme ça. Alors pour ce qui est du réchauffement climatique, très honnêtement, je suis pessimiste quand je vois l’urgence qu’il y a et que l’on n’arrive toujours pas à faire bouger les politiques.
Pour La Nuit est Belle !, je leur parlais de la nécessité de faire des économies d’énergie. À bout d’arguments, je leur ai dit « Il faut que vous réalisiez une chose : les lois de la physique ne se discutent pas à l’Assemblée nationale, ce n’est pas nous qui vous imposons un rythme, c’est la physique. Le système Terre est un système physique qui répond à des lois physiques, on ne peut rien y changer ». Nous n’arrivons pas à les convaincre, et l’urgence est telle que j’ai vraiment très peur pour l’avenir.
Pour conclure, je veux le dire : les scientifiques du GIEC sont vraiment admirables, franchement. Ils réalisent un travail considérable, ils y passent leurs soirées, leurs vacances, leurs week-ends. Malheureusement, les responsables de groupes reçoivent les pires injures, des lettres de menaces, y compris de menaces de mort. On cherche à nous culpabiliser, alors que les scientifiques n’y sont pour rien, nous souhaitons juste expliquer les faits. C’est fou !
Et un point fondamental aussi : pour relever ces défis majeurs que nous avons face à nous, nous ne devons pas, et nous ne pouvons plus, nous passer de la moitié des talents de l’humanité. Les femmes doivent avoir leur place dans toutes les sciences. La société doit arrêter avec les stéréotypes et les idées reçues qui conduisent à penser que les femmes ne sont pas bonnes en sciences. Elles ont les mêmes capacités cognitives que les hommes.
Il est indispensable d’inciter les filles à choisir des filières d’études et des métiers scientifiques. Parce que les équipes de recherche mixtes sont plus innovantes, plus productives que les équipes très genrées. C’est de la complémentarité et de la diversité que viendront, peut-être, les solutions pour garder la Terre vivable.