Dans notre propre activité, la compétitivité industrielle ne se joue pas sur le seul coût de la main d’œuvre, elle ne se joue pas davantage sur le coût de l’énergie ou encore celui des matières premières : les ressorts de compétitivité doivent être approchée de façon plus large.
Ce qui pèse le plus sur notre activité industrielle aujourd’hui, c’est la réglementation voire la « surrèglementation ». Qu’il s’agisse de travaux neufs, ou de travaux de maintenance, il y a là de grosses pertes de temps et d’efficacité. Faire avancer un projet auprès d’une administration demande énormément de temps et aussi une grosse quantité de données à fournir. Pourtant, dans certains pays comme Singapour où les risques sont évalués avec la même rigueur, le processus est beaucoup plus rapide : la clarté des données à produire et le temps de réponse de l’administration lorsqu’elle est saisie n’ont rien à voir avec les nôtres.
Les grandes métropoles qui souhaiteraient soutenir la compétitivité industrielle et agir sur le développement et le maintien de l’activité industrielle sur leur territoire disposent là d’une véritable clé pour répondre aux enjeux de demain.
La compétitivité passe aussi par la disponibilité des compétences, or certains secteurs peinent aujourd’hui à trouver les compétences nécessaires : concrètement, trouver un bon automaticien est aujourd’hui difficile, et c’est un paradoxe quand on entend autant parler d’usine du futur.
Dans une optique de développement économique du territoire, les filières de formation devraient alimenter les besoins en compétence de l’industrie locale. Bien sûr, on ne peut tout avoir sur place, mais à l’échelle d’une très grande métropole comme Lyon, avec des pôles universitaires, nous devrions être capables de répondre aux attentes des filières de la chimie, de la pharmacie et des biotech. Nul doute que des filières aient été créées pour répondre à ces besoins par le passé, mais est-ce toujours le cas ? Évalue-t-on cette adéquation de façon régulière ?
Dans notre entreprise, les compétences nécessaires ne sont plus les mêmes qu’il y a 10 ans : notre environnement a évolué, les installations se sont automatisées et sont devenues de plus en plus complexes ; le profil d’un opérateur de production a évolué de façon considérable, il s’apparente davantage aujourd’hui à un technicien de type BTS électromécanique qui doit avoir les compétences techniques et aussi les capacités comportementales compatibles avec notre environnement. En effet, nous ne sommes pas dans un modèle de type « salle de contrôle » pur ; nos opérateurs doivent à la fois comprendre le fonctionnement d’installations, gérer la complexité tout en ayant des taches directes à accomplir : surveiller un réacteur, déplacer des matériels, vérifier le fonctionnement des pompes... Nous n’avons pas besoin en production de personnes qui connaissent la chimie, mais plutôt de personnes qui savent utiliser les matériels et apprécier, face à une décision à prendre, s’ils sont en mesure de le faire seuls ou s’ils doivent faire appel à leur encadrement. Ce sont vraiment les compétences comportementales qui font de plus en plus la différence.