En Angleterre, des promoteurs engagés dans le développement durable ont pour la première fois créé un village écologique pilote, sans recours aux énergies fossiles et sans rejet de CO2. (Bill Dunster architecte. BET : Ove Arup, Chris Twinn, ingénieurs).
Une expérience passionnante qui, de la Suisse à l'Afrique du Sud, s'exporte déjà. En France, sous l'impulsion du WWF, des programmes d'HLM devraient suivre ce modèle. A l'heure où, en France, on alerte de plus en plus les collectivités sur le changement climatique, une expérience pilote menée en Grande-Bretagne apporte la preuve que mettre en pratique le développement durable à l'échelle d'une ville est possible.
Pour atteindre cet objectif, les concepteurs de Bedzed semblent avoir réalisé une gigantesque analyse de cycle de vie (ACV), qui consiste à évaluer l'impact environnemental de la vie d'un produit, depuis sa réalisation jusqu'à sa mise au rebut... ou recyclage. Mais si habituellement, on établit le bilan d'un pneu ou d'une télévision, dans le cas de BedZED, c'est toute la vie d'un village (construction des logements, besoins en ressources énergétiques, déplacements, activités professionnelles, vie sociale, gestion des déchets...) dont l'impact environnemental, économique et social a été pensé et évalué. Pour aboutir à l'éco-conception de ce lieu de vie d'un nouveau genre.
Le premier principe durable appliqué à BedZED est celui de la boucle locale : avoir recours au maximum aux ressources locales, à la réutilisation et au recyclage (transports limités, développement économique local renforcé et identité culturelle prévservée). Ici, 90 % des matériaux proviennent de moins de 50 km à la ronde (bois certifiés) et sont souvent recyclés (anciens rails de chemin de fer...). Le design des logements est pensé en terme d'efficience énergétique et de qualité de vie : isolation renforcée, ensoleillement maximum, terrasses et jardinet, système de ventilation avec récupération de la chaleur.
Le recours aux énergies renouvelables et l'optimisation des ressources naturelles fait du projet BedZED un formidable exemple grandeur réelle de ce que peut être l'usage raisonné en matière de ressources : récupération des eaux de pluie pour les toilettes, énergie électrique et thermique fournie par la biomasse (bois de récupération), la chaleur récupérée et les panneaux photovoltaïques situés sur les façades. Cette électricité produite permet même de recharger à 100 % des véhicules électriques mis à la disposition en partage aux habitants. Les déplacements sont réduits, puisque des espaces de travail sont proposés, que des commerces de proximité ont été créés, et qu'un système de livraison de produits frais provenant de la région existe. Au final, cette rationalisation permet à BedZED de réduire de 50 % son empreinte écologique. Pour donner un ordre de grandeur, comparativement à des habitations classiques, le chauffage est réduit de 90 %, la consommation totale énergétique de 70 %, et le volume des déchets de 75 %.
BedZED a été conçu par la Fondation Peabody, la plus importante organisation caritative de Londres consacrée à l'habitat, en collaboration avec le Groupe de développement BioRegional, groupe environnementaliste très actif et l'architecte Bill Dunster, réputé pour son intérêt dans les maisons solaires. Un trio aux desseins à la fois simples et ambitieux, comme l'expliquent Jean-Paul Jeanrenaud, du WWF international, association ayant soutenu le projet dès le départ....