L’affirmation de la Métropole grand-lyonnaise en tant que territoire faisant sens interroge à la fois l’identité commune des habitants de l’agglomération, toujours en construction, et la reconnaissance des différences distinguant chacun pour enrichir l’ensemble.

Symboliquement, le Défile de la Biennale de la danse de Lyon, ce cortège de femmes et d’hommes de toutes origines, de toutes conditions, peut constituer une forme « d’idéal du moi » de cette communauté territoriale. Ce qu’elle voudrait être, ce qu’elle cherche à devenir. Si, en cela, le Défilé peut incarner une certaine utopie, en quoi peut-il nourrir une réflexion prospective ?

Nés à peu près à la même époque, la fin des années 90, le Défilé (1996) et le Prospective du Grand Lyon (1998) étaient voués à se rencontrer. L’un et l’autre étaient en quête d’une Représentation de la cohérence d’un territoire à la fois historiquement ancien et institutionnellement renouvelé depuis la création de la CourLy en 1969. L’un et l’autre avaient pour but de projeter les citoyennes et citoyens d’aujourd’hui vers un « futur désirable ».

Le Défilé et Millénaire 3 ont ainsi noué des liens étroits depuis la publication de Quand la ville danse en 2000, jusqu’à l’enquête de 2022, dont nous publions ici les résultats à travers trois cahiers. Comme on pouvait le lire dans un texte de 2012 sur la fonction prospective au sein de la Métropole de Lyon, Millénaire 3 se donne pour objectif, parmi d’autres, d’« énoncer les valeurs et les emblèmes sur lesquels le territoire peut fonder la construction de son avenir ». Plus de 25 ans après, nous mettons à votre disposition, à travers des sources nouvelles et anciennes, les ingrédients de ce dialogue fécond entre le Défilé et la prospective, l’événement culturel et l’identité territoriale.

La question que nous posons ici, à travers l’étude du Défilé, est donc celle des éléments qui caractérisent le territoire grand-lyonnais, comme le suggérait Philippe Dujardin à partir de la notion de « rituel d’agglomération ».

Comment construire une communauté de destin ? Les rituels d’agglomération suffisent-ils à créer un sentiment d’appartenance territoriale ?

Le Défilé de la Biennale, représente-t-il une agglomération rassemblée ou une capitale culturelle régionale en émergence ? A-t-il pu s’ancrer dans les mœurs au point de devenir un « emblème », révélateur d’une adhésion des habitants à un projet territorial associant pour le meilleur les populations favorisées du centre lyonnais à celles reléguées dans des banlieues en crise ?