Handicap : le long chemin vers l'inclusion
Étude
De l'Antiquité à nos jours, découvrez une chronologie de l'inclusion des personnes en situation de handicap.
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Article
Les immigrés et fils et filles d’immigrés sont-ils plus souvent au chômage que les autres personnes à cause des discriminations à leur égard, ou en raison d’autres facteurs ? C’est à cette question que l'Institut national d'études démographiques a répondu en comparant leur situation sur le marché du travail à celle du « groupe majoritaire », c’est-à-dire des personnes nées en France métropolitaine de parents français (Dominique Meurs, INED, « Le chômage des immigrés : quelle est la part des discriminations ? », Population et Sociétés n° 546, juillet-août 2017). L’étude a pour inconvénient de s’appuyer sur des données anciennes (l’enquête Trajectoires et Origines 2008), et pour intérêt de démêler l’influence des différents facteurs jouant sur le taux de chômage pour isoler celle liée aux discriminations. Elle porte sur la tranche d’âge 18-50 ans.
Pour isoler l’ « effet discrimination », l’INED a redressé la composition des trois groupes étudiés (groupe majoritaire, immigrés non européens nés ou issus de parents nés au Maghreb, immigrés non européens nés ou issus de parents nés dans d’autres régions du monde) en fonction d'une multitude de facteurs qui peuvent avoir de l’influence sur leur situation professionnelle : niveau d'éducation et de français, âge, possession d'un permis de conduire, état de santé, situation familiale, origine sociale, nationalité française ou non, présence d’un couple mixte, localisation géographique. L’introduction de ces variables permet d’estimer des écarts par rapport au groupe majoritaire corrigés de ces différences structurelles. Les « écarts nets » sont indiqués dans le graphique ci-dessous afin de les comparer aux écarts « bruts ».
Malgré le redressement, l'INED observe un écart de taux de chômage — l’auteur parle de « surchômage » — d’environ 4 à 5 points de pourcentage (écart entre les deux pourcentages) en défaveur des immigrés non européens et de leurs enfants. Les écarts sont plus importants encore pour les Maghrébins que pour les autres immigrés non européens. Ils montent jusqu'à 7 points pour les femmes immigrées originaires du Maghreb.
Lecture : la proportion d’hommes au chômage parmi les fils d’immigrés nés au Maghreb est supérieure de 11 points de pourcentage à celle du « groupe majoritaire » (écart brut) ; une fois les caractéristiques socioéconomiques prises en compte (âge, niveau d’instruction, etc.), l’écart se réduit à 5 points de pourcentage.
Le déficit d’emplois à temps complet est bien plus élevé pour les enfants d’immigrés (près de 20 points d’écart) que pour les immigrés eux-mêmes, d’une part parce que les enfants d’immigrés sont davantage au chômage que leurs parents, mais aussi parce qu’ils sont plus souvent étudiants, ce qui s’explique par la jeunesse de ce groupe. Les femmes immigrées sont plus souvent inactives, plus souvent étudiantes et au chômage, et moins souvent salariées que les femmes du groupe majoritaire.
Dans l’enquête TeO, les personnes répondent à la question suivante : « Au cours des cinq dernières années, est-il arrivé qu’on vous refuse injustement un emploi ? » et précisent à quels motifs ils attribuent ce refus. Les immigrés et fils et filles d’immigrés non européens déclarent plus que les autres avoir vécus des situations de refus injustifiés d’emploi.
En comparant les mesures des discriminations aux ressentis, l’étude de l’INED conclue que plus la personne au chômage « devrait » être en emploi au vu de ses caractéristiques mais ne l’est pas, plus elle indique ressentir une discrimination. Les ressentis de discrimination sont de fait plus élevés pour les immigrés et enfants d'immigrés du Maghreb et plus marqués chez les hommes que chez les femmes. Cela tend à démontrer que les enquêtes qualitatives sur les ressentis des discriminations apportent une information fiable qui peut être plus simple à mettre en œuvre que les testings et mesures quantitatives. Cela est utile à savoir pour les acteurs et collectivités territoriales qui entendent établir des diagnostics…
Le dossier « Les descendants d’immigrés maghrébins : des difficultés d’accès à l’emploi et aux salaires les plus élevés » (Béatrice Boutchenik, Jérôme Lê, Insee Références, 04.07.2017 ) publié par l’Insee dans le cadre de l’étude « Emploi, chômage, revenu du travail » est lui centré sur les discriminations subies par les descendants d'immigrés maghrébins sur le marché de l’emploi. Il apporte logiquement des éclairages plus précis. L’étude repose sur les données des enquêtes Emploi de 2013 à 2016, sur les personnes âgées de 18 à 59 ans ayant terminé leurs études et vivant en France métropolitaine, ce qui donne au total près de 700000 observations trimestrielles pour les personnes sans ascendance migratoire et 25000 pour les descendants d’immigrés maghrébins.
Les descendants d’immigrés maghrébins sont plus jeunes que la moyenne de la population ; ils sont également moins diplômés : quelle que soit l’ancienneté de sortie de formation initiale, la part de diplômés du supérieur parmi eux est inférieure de plus de dix points par rapport à celle des personnes sans ascendance migratoire. Ils rencontrent des difficultés voisines de celles de leurs parents en termes d’accès à l’emploi.
Pour les hommes, les taux de chômage sont supérieurs de 23 points à ceux des hommes sans ascendance migratoire durant les dix années qui suivent la fin des études, pour être ramené progressivement à 12 points au-delà de 30 ans d’ancienneté sur le marché du travail. « Quel que soit le moment de leur carrière, les descendants d’immigrés maghrébins sont moins souvent en emploi que les personnes sans ascendance migratoire. Les différences de diplôme, d’expérience, de situation familiale et de lieu de résidence expliquent moins de la moitié des écarts de taux d’emploi observés entre les deux groupes ».
La difficulté est surtout dans l’accès à l’emploi. Une fois en emploi, leurs difficultés s’atténuent. Chez les femmes, l’écart est dû surtout à une inactivité particulièrement forte, liée à une différence de comportement de leur part, particulièrement marquée dans les 10 à 20 ans après la fin des études, notamment lorsqu’elles ont des enfants, ce qui évidemment complique les politiques d’insertion professionnelle à leur égard. En revanche, lorsqu’elles sont actives, elles ont moins de difficultés que les hommes pour accéder à l’emploi.
Ce groupe traverse des périodes sans emploi plus longues et plus fréquentes que la moyenne. Ainsi, le taux de chômage de longue durée est de 10 % en moyenne avant dix ans de vie active, contre 4 % pour les personnes sans ascendance migratoire, et de 7 % contre 3 % au-delà de dix ans. La difficulté à trouver un emploi conduit plus fréquemment dans l’inactivité et notamment dans ce que l’étude appelle le « halo » autour du chômage (la personne souhaite travailler mais ne cherche pas d’emploi ou n’est pas disponible) : la part de descendants maghrébins faisant partie de ce « halo » est deux fois plus importante que parmi les personnes sans ascendance migratoire.
La discrimination produit aussi des effets sur les salaires. Le salaire mensuel net moyen à temps complet des hommes descendants d’immigrés maghrébins est de 13 % inférieur à celui des hommes sans ascendance migratoire. Les femmes sont moins discriminées puisque l’écart est de 8 % en leur défaveur (on a sélectionné ci dessous le graphique qui concerne les femmes).
A cela il faut ajouter un « plafond de verre » au sommet de l’échelle des salaires qui rend plus difficile l’accès aux plus hauts salaires, au-delà de 3 000 euros nets mensuels. A caractéristiques égales, les chances des descendants d’immigrés d’accéder à ces niveaux de salaire par rapport aux personnes sans ascendance migratoire sont inférieures de 15 % environ parmi les femmes et 25 % parmi les hommes. En revanche l’effet discrimination n’est pas perceptible jusqu’au milieu de la distribution salariale. Touche d’optimisme : le moindre accès aux rémunérations les plus élevées est moins marqué pour les salariés les plus récents sur le marché du travail, ce qui pourrait laisser augurer d’une évolution des mentalités.
L’ensemble de ces données confirme néanmoins à quel point les discriminations raciales en matière d’emploi sont une réalité qu’il convient de combattre.
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