Jean-Christophe Bernadac : Nous développons deux autres projets qui concernent directement cette relation, avec à chaque fois l’objectif que le médecin puisse disposer plus de temps avec ses patients.
Dans le premier projet nous développons un outil d’aide à la décision. Dans ce cas, l’algorithme étudie l’historique du dossier patient et fait des propositions au médecin par une série de raisonnements.
Le deuxième projet consiste à utiliser la commande vocale pour consulter et remplir le dossier patient. Des outils de reconnaissance vocale existent déjà pour le grand public comme Siri, Cortana ou Alexa mais ils ne sont pas toujours adaptés à un langage spécialisé comme le langage médical. Nous avons donc établi un partenariat avec Microsoft pour utiliser et développer un outil sémantique plus spécialisé.
La première étape de ce projet consiste à permettre au médecin de naviguer dans les différentes informations du dossier patient par commande vocale. À ce jour, les premiers tests fonctionnent. Ensuite nous souhaitons que le médecin puisse remplir les éléments du dossier par des ordres vocaux. Nous testons dans un premier temps cette possibilité sur une ordonnance de ville. Cela implique de décoder des nomenclatures et des posologies, et donc pour le médecin d’avoir une dictée structurée. C’est complexe car la machine doit pouvoir avoir un accès clair à toutes les informations : il n’est pas toujours possible de s’appuyer sur des abréviations qui sont implicitement comprises à la fois par le médecin et le pharmacien. Le développement de l’outil obligera donc à adopter certains standards pour que les informations soient suffisamment structurées pour l’interprétation.
C’est un projet qui rencontre à la fois un intérêt fort de l’industriel partenaire et d’autres grands centres hospitaliers. Ces collaborations devraient permettre d’avoir une masse critique permettant de nouveaux développements. Si le modèle de reconnaissance vocale médicale s’améliore suffisamment, nous serons parmi les premiers à proposer dans nos établissements ces solutions.
Enfin, à plus long terme en prolongeant ce type de développement, on pourrait aussi imaginer qu’un logiciel écoute une conversation entre un médecin et un patient, et formule directement une proposition de compte rendu structuré.