Tendances prospectives [économie]

Vers la fin de l’emploi salarié ?

Sommes-nous en train de devenir une société d’auto-entrepreneurs ? En effet, grâce aux plateformes de l’économie collaborative chacun peut facilement offrir toutes sortes de services à d’autres individus, se créer des compléments de revenus, organiser librement son travail, gérer en parallèle de multiples activités… Mais cette vision idyllique a ses faces sombres : une précarisation des individus voire une détérioration de leurs conditions de vie ; une atomisation du lien social qui se construisait notamment dans les collectifs de travail ; un désintérêt des pouvoirs publics et des entreprises traditionnelles pour la question des relations de travail qui serait « sous-traitée » aux grandes plateformes numériques.

Alors doit-on réinventer une protection sociale adaptée à l’économie numérique et collaborative (et en particulier, penser les formes qu’elle peut prendre localement), et aussi accorder de la considération à ces « plateformeurs » qui n’entrent pas dans les « cases » classiques de la création d’entreprise, ni dans celles de la formation professionnelle ou de l’insertion par l’économique, ni dans les conventions collectives…?

Avec l'interview d'Alexandre Fourtoy, fondateur d’1kubator, structure d’incubation de start-up qui donne son point de vue sur la métropole de Lyon, qui a selon lui un grand potentiel pour accueillir des start-up "locales".

L'économie circulaire est-elle à la hauteur des menaces écologiques ?

Face à la pollution, la raréfaction des ressources naturelles et la vulnérabilité des métropoles européennes face à ce phénomène, le recyclage est plus que jamais nécessaire.

Le réemploi et son corollaire, la réparation sont aussi des solutions possibles pour économiser des ressources. Mais l'étude montre que ces progrès en termes d'usage des ressources sont annulés par la croissance économique qui encourage l'augmentation de la production et de la consommation. C'est donc grâce à l'évolution des modes de production et des choix des consommateurs provoquée par une plus forte prise de conscience des enjeux environnementaux, que l'économie circulaire peut se développer.

Avec l'interview de Dominique Bourg, professeur à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne.  Dans cet entretien, il revient sur les différents niveaux de circularité et en particulier sur celui de la permacircularité dont les enjeux se situent à l'échelle de la planète et de la maîtrise des flux d'énergies et de matières dans le système économique.  

L’économie numérique peut-elle exister en-dehors des géants du numérique ?

S’interroger aujourd’hui sur l’évolution de cette société numérique, c’est certes appréhender le potentiel des technologies en cours de développement, mais c’est surtout en analyser les conséquences probables. Car la société de l’information qui semblait exister en parallèle comme un monde virtuel déterritorialisé, ne peut maintenant plus être pensée en tant qu’hors-sol idéalisé des années 1990-2010.

Avec les interviews de Clément Renaud, chercheur spécialiste de l'Asie et des nouvelles technologies; et de Boris Beaude, géographe, professeur en cultures et humanités numériques à l’Université de Lausanne et chercheur associé au Laboratoire Chôros de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Ce dernier donne son point de vue sur l'avenir et les finalités d'Internet, entre le succès historique d'un internet "ouvert" ( courriel, web...) et celui grandissant d'un internet privé, qui tend à faire des données privées une nouvelle donnée marchande.

L'entrepreneur culturel sauvera-t-il la culture ?

Les manières classiques d’entreprendre dans un secteur peuvent être nouvelles dans d’autres. Force est de constater que l’entrepreneuriat trouve aujourd’hui de nouveaux terrains d’expression dans des champs qui en étaient jusque-là culturellement éloignés. Les cas de la culture et du social en sont une illustration intéressante.

Avec les interviews de Philippe Silberzahn, professeur d’entrepreneuriat, stratégie et innovation à EMLyon Business School et chercheur associé à l’École Polytechnique (CRG). Il intervient également à HEC Paris; et de Julie Fabbri, professeure assistante à EMLyon business School et chercheur associé au Centre de recherche en gestion de l'École Polytechnique de Paris-Saclay (i3-CRG).

L’économie servicielle… un frein à la productivité et donc à la croissance future ? 

Cette question fait partie des nombreuses interrogations que l'étude aborde pour cerner les incertitudes sur l'avenir de la croissance, les répercussions économiques et sociales, telles que l'emploi et les inégalités, dans l'hypothèse d'une croissance faible ou nulle à long terme, et pour concilier la croissance avec les grands enjeux de demain tels que la durabilité, l'inclusion.

Avec l'interview d'Eric Vidalenc, responsable du pôle transition énergétique à la Direction Régionale Hauts de France de l'ADEME. Il est aussi conseiller scientifique de Futuribles notamment sur les questions énergétiques, urbaines et de croissance économique et s'exprime sur ces questions sur son blog personnel chez Alternatives Économiques. Il répond à nos questions sur les perspectives de croissance et les implications d’une croissance qui serait durablement faible.

Les industries créatives vont-elles sauver la vieille économie ? 

Les industries créatives ou IC, sont toutes les industries qui encapsulent un savoir-faire, de l’innovation esthétique et un travail d’auteur. Elles s’appuient aussi souvent sur des technologies nouvelles, tout en faisant parfois appel à l’impermanence d’une tradition. Elles génèrent des effets symboliques et d’images et gagnent à s’arrimer à un territoire auquel elles contribuent à donner une identité.

Avec les interviews de Vincent Carry, directeur d’Arty Fart. Pour Millénaire 3, il revient sur la création d'Arty Farty et sur l'avenir de entrepreneuriat culturel à Lyon. Et de Yves Evrard, docteur en Sciences de gestion de l'Université Paris-Dauphine, ancien doyen associé à la recherche d'HEC. Dans cet entretien il revient sur le modèle des industries créatives et culturelles, leur rôle dans l'innovation économique et ce que pourrait être la nature d'une politique publique dirigée elles.

Les citoyens sont-ils capables de débattre de la propriété intellectuelle ?

La propriété intellectuelle (PI) fixe les principes et modalités du partage de la valeur, avec pour objectif de concilier l’intérêt des inventeurs / créateurs et l’intérêt collectif. Le système actuel repose sur l’octroi d’un droit de propriété et d’un monopole temporaire d’exploitation au créateur qui en échange rend publique son œuvre/invention. Développé dans un contexte historique spécifique (production industrielle, innovation privative...) et pour des biens matériels, le compromis social instauré par la PI n’est plus adapté aux nouveaux modes de production et de consommation accompagnant les nouvelles technologies et l’affirmation de valeurs telle que la collaboration ouverte, la durabilité...

En conséquence, la PI peut avoir des effets de blocage de l’innovation : durée de protection trop longue par rapport aux cycles d’innovation dans le numérique, R&D en matière de biotechnologies ou de télécommunications nécessitant d’accéder à des ressources déjà protégées par des droits de PI, frontières entre contrefaçon et recyclage mal définies, etc. L'étude fait le point sur les tendances d'évolution du droit dans ce domaine qui reflète des choix de société sur des questions aussi fondamentales que la place accordée au marché, à la finance, à la propriété privée, à la culture, à coopération, etc.

Avec les interviews de Thibault Schrepel, docteur en droit, qui critique la PI et argumente les besoins d'une réforme; Julien Fialletout, conseil en propriété industrielle, spécialisé en marques et modèles ; et Michel Vivant,professeur des Universités à Sciences Po et Directeur scientifique de la spécialité « Propriété intellectuelle » du master Droit économique, qui nous parle des nouveaux enjeux de la PI.

Et si les entreprises devenaient porteuses de droits sociaux individualisés ?

L'individualisation des droits sociaux est une thématique porteuse d’enjeux lourds : elle concerne des sujets aussi quotidiens et variés que la vie au travail, la lutte contre la grande pauvreté, la capacité de la société française d’accompagner la révolution numérique ou le financement de la santé. Très politique, le sujet est également très mouvant, objet de fréquentes évolutions législatives. Sur le terrain les collectivités peuvent pourtant être en pointe sur la qualité de sa mise en oeuvre.

Avec les interviews de Elisabeth le Gac, secrétaire générale de la CFDT pour Rhône-Alpe ; et de Marie-Aleth Grard, déléguée nationale d'ADT Quart Monde.

Pourquoi devons-nous porter attention aux industries de process ?

La France a perdu, en 15 ans, plus de 20 % de ses emplois industriels. Or, le monde est ouvert et offre trois opportunités majeures : croissance des consommations de biens par une population dont le niveau de vie s’élève, redistribution des cartes en lien avec la vague numérique, activités nouvelles nées du souci de préserver l’environnement. Peut-on s’endormir sur la rente constituée par une histoire riche et une position géographique privilégiée, en abandonnant à des pays neufs ou considérés jusqu’ici comme des sous-traitants, les immenses potentiels de l’industrie ?

L'industrie du futur pourrait en priorité s’intéresser au « quoi ? » (que produire) plutôt qu’au « comment ? » (robots, usine 4.0….). Et à ce titre, il est possible de regarder avec confiance 3 champs de croissance du « quoi ? » : nouveaux médicaments, dispositifs médicaux, procédés de transformation et conservation des aliments, nutricaments, produits de bien-être; domaines de la production d’énergie, de son stockage, du recyclage, des nouveaux matériaux de construction, de nouveaux alliages pour l’automobile et l’aéronautique, des infrastructures de télécommunication ; domaines de l’exploration de nouveaux espaces (spatial, grands fonds marins, infiniment petit, informatique neuronale…).

Avec l'interview de Jean Pierre Laforêt, membre du comité de direction, en charge des opérations industrielles du groupe Gattefossé, qui témoignent des conditions du développement d'une activité industrielle dans le secteur de la chimie.

Et si l’on cessait de voir le travail seulement comme un poste de coût à réduire ?

Les lien entre l'emploi et la formation constituent aujourd'hui un enjeu capital, aussi bien pour les entreprises que pour les actifs.

Pour les premières, la formation professionnelle, c'est l'assurance de l'élévation des compétences des salariés. Et pour eux, l'accès à la formation pour tous, c'est la possibilité de passer d'un emploi à l'autre, de s'adapter aux évolutions de leurs métiers, ou de quitter un métier en déclin pour un métier en croissance. La formation tout au long de la vie professionnelle constitue ainsi un levier incontournable pour conforter la compétitivité des entreprises et sécuriser les trajectoires professionnelles des actifs. Mais ceci implique de relever de nombreux défis.

Avec l'interview de Thibaut Bidet-Mayer, chef de projet à La Fabrique de l’industrie, travaille notamment sur la politique industrielle française, la formation professionnelle et l’industrie du futur.

L’intelligence artificielle peut-elle accélérer la métamorphose de l’industrie, au risque de la vassalisation ?

Après la « transition informatique », les années 1995-2000 ont marqué l’introduction d’Internet et la « transition numérique » des entreprises, les années 2015-2020 seront celles de l’Intelligence Artificielle (I.A.). On parle d'ailleurs aujourd’hui d’une « transition intelligente », l’I.A. étant appelée, selon certains consultants, à tenir le rôle de futur moteur de la croissance mondiale. L’I.A. se développe de plus en plus vite, avec des résultats de plus en plus spectaculaires. L’année 2016 a marqué un tournant puisque l’I.A. est enfin créditée d’une véritable utilité pratique par les experts. Cette étude se propose de faire le point sur le rôle de l'intelligence artificielle dans le système productif actuel.

Avec les interviews de Sylvain Legrand, Territory sales executive, Autodesk; et de Laurent Hausermann, cofondateur et directeur de Sentryo.