Afin d’élaborer leurs plans de mobilité, les territoires ont besoin de modélisations quantitatives. Ils doivent pouvoir évaluer dans quelle mesure les stratégies qu’ils envisagent satisferont les objectifs environnementaux qu’ils se sont fixés. Une fois le plan adopté, ils ont également besoin de processus de suivi qui puissent permettre d’évaluer dans quelle mesure les objectifs sont atteints et si des actions correctives doivent être planifiées.
Aujourd'hui, les territoires ne disposent pas tous de méthodologies robustes pour définir les actions et les objectifs et réaliser leur suivi. Dans les plans, des objectifs ambitieux sont donnés, tels qu’atteindre une certaine part d’usage des transports en commun, mais les conditions pour leur faisabilité et leurs impacts sur l’environnement sont rarement clairement démontrées. Ensuite, lors de l’implémentation des actions, il y a peu de suivi, alors il y a un risque d’avancer les yeux fermés jusqu’au prochain diagnostic complet de la mobilité. Outre cette barrière méthodologique, un autre problème est que les parties prenantes peuvent voir dans la planification de la mobilité une contrainte légale davantage qu’une opportunité. Cela ne les stimule pas. Au contraire, il faudrait faire en sorte qu’elles considèrent ce processus comme un outil utile et pertinent pour définir une vision commune avec les parties prenantes, prendre des décisions et organiser le territoire.
Dans le contexte actuel, il y a un manque de consensus vis-à-vis de nombreuses actions qui peuvent être menées par les pouvoirs publics. On l’observe notamment avec la mise en œuvre des Zones à Faible Émissions (ZFE). En théorie, ces zones consistent à limiter l’accès des véhicules les plus polluants à certains centres urbains. En pratique, on constate que certaines ZFE et le dispositif de vignette Crit’Air sont critiqués et manquent de soutien local. Ainsi, les ZFE sont parfois peu contrôlées, prévoient de nombreuses exceptions et donc risquent de n’avoir que peu d’effets. L’acceptabilité et le contrôle nécessaire à ce que tout le monde partage les mêmes contraintes sont des facteurs déterminants dans la réussite de mesures locales de « soutenabilité ». La stratégie territoriale définie lors de la planification a alors pour ambition d’éviter ce genre de conflit et de fédérer autour d’un projet commun pour les années à venir. Un processus transparent, informé et impliquant les différentes parties prenantes peut permettre d’améliorer la qualité des décisions et d’augmenter l’acceptabilité par les habitantes et habitants et les représentantes et représentants politiques. Ceci me paraît un enjeu de société important. C’est d’ailleurs l’objet de mes travaux de thèse.
- Pour en savoir plus sur les travaux de Julien Baltazar :
Baltazar, J., Vallet, F., Garcia, J., 2022. A model for long-distance mobility with battery electric vehicles: a multi-perspective analysis. Procedia CIRP 109, 334–339. https://doi.org/10.1016/j.procir.2022.05.259
Baltazar, J., Vallet, F., Garcia, J., 2022. Éco-conception d’un système de mobilité comprenant véhicules tout-électriques et réseau de recharge : une analyse multi-perspective basée sur un modèle de simulation de la mobilité longue distance - Rapport Final.