Si je distingue les nationalismes des populismes, c'est qu'il y a un problème spécifique à l’Europe centrale et orientale, y compris en Allemagne de l'Est. Le communisme a engendré des comportements que l’on paye encore aujourd'hui. En Hongrie et en Pologne on vit librement, mais le discours nationaliste des dirigeants, typique des régimes post-communistes, est dangereux. Je le résume : « nous voulons exercer pleinement notre souveraineté, et nous avons des revanches à prendre ». Des revanches à prendre sur les communistes, sur des compagnons de route, sur Georges Soros, sur « les Américains qui veulent nous donner des leçons », etc. Ce nationalisme s'explique par des raisons historiques et géopolitiques. Polonais, Hongrois, Tchèques, Slovaques, jusqu'à la caricature cherchent à renouer avec leur passé, avec la Pologne éternelle, etc. Lech Kaczyński, le président qui est mort dans l’accident d'avion a été enterré dans les tombeaux des rois de Pologne. Dans les pays Baltes et en Europe du Sud (Bulgarie et Roumanie), on ne trouve pas un nationalisme équivalent. Je trouve cela assez pathétique, infantile, même si c’est soluble dans le temps grâce à l'Union européenne, qui met beaucoup d'argent, et a raison à la fois de montrer les dents et de ne pas mordre. Mais je peux l’expliquer. Parce que des populations ont besoin de reconstituer des identités niées pendant longtemps par les régimes communistes totalitaires