Que représente la notion de mixité ?
Depuis ses origines, l’UNSS est dans une dynamique de mixité de fait. En effet, nous touchons 9500 établissements scolaires de l’Education Nationale. Et, quelque soit leur lieu géographique, nous intervenons de la même manière, développons les mêmes orientations, appliquons les mêmes règles que l’établissement se situe en milieu urbain, rural, marin, de montagne. J’étais avant-hier aux championnats d’athlétisme collèges à Créteil et la mixité était parfaitement lisible avec des élèves qui venaient aussi bien de la Guadeloupe ou de la Martinique, que de grandes villes ou de milieux plus ruraux. Tout le monde a participé à la même fête.
Les enjeux sont-ils plutôt du côté de la mixité sociale, de la mixité ethnique, de la mixité garçons-filles ou comme vous l’avez souligné, géographique ?
La mixité, c’est exactement toutes ces mixités !
Certes, ces dernières années, nous avons particulièrement travaillé sur la mixité filles/garçons. Aujourd’hui nous comptons déjà 40% de filles et nous progressons encore vers notre objectif rêvé de 50 %. Nous réfléchissons également avec nos partenaires pour diminuer encore le prix des licences. Le coût actuel d’une licence n’est que de 20 euros par an, mais pour certaines familles ce faible coût est encore trop élevé. Et, la mixité jeune/adulte est aussi une de nos priorités. Mais, notre objectif essentiel est de faire se rencontrer des élèves d’horizons et de conditions différentes autour d’évènements sportifs. La mixité à l’UNSS passe aussi par les Jeunes Officiels qui arbitrent, organisent, gèrent nos événements sportifs. C’est en quelque sorte la mixité entre les sportifs pratiquants et les organisateurs sportifs.
N’est-ce pas difficile d’atteindre de tels objectifs à l’occasion d’une simple rencontre sportive ?
Un évènement sportif se prépare et repose sur un travail qui s’effectue dans la durée. Le credo de l’UNSS est « partageons plus que le sport ». Il reflète bien notre volonté d’associer les élèves à l’organisation et la gestion des évènements. Nous souhaitons installer des liens forts, de respect et de confiance, entre l’adulte et le jeune, le professeur et l’élève. Certains élèves sont arbitres ou starters dans le cadre de binômes avec un adulte expert dans son domaine. Plus de 150 000 élèves sont ainsi engagés dans l’organisation de championnats. Ces « jeunes officiels » reconnus dans un premier temps à l’échelon départemental, peuvent l’être ensuite au niveau national, et prochainement une circulaire permettra à cette qualité d’être prise en compte au niveau du baccalauréat.
Nous sommes la première fédération sportive à avoir ouvert son fonctionnement aux élèves, qui peuvent être Vice Président et même Vice trésorier. Les enfants et jeunes d’aujourd’hui seront les cadres de demain et il est dans notre rôle de les préparer aussi à s’engager dans la vie collective et à prendre des responsabilités. Notre action auprès des élèves ne se limite pas à favoriser la pratique sportive même si c’est notre objectif principal, mais aussi à permettre aux élèves de progresser sur eux-mêmes et de se réaliser. Je me souviens d’anciens élèves en échec scolaire, qui à travers leur investissement dans une pratique sportive et au sein de l’UNSS ont trouvé un moyen de se réaliser et d’être reconnus et, ainsi ont repris confiance en eux.
Comment l’UNSS envisage-t-elle le lien entre sport et mixité ou comment le sport scolaire peut-il être concrètement facteur de mixité ?
Je pense que le travail que nous conduisons actuellement avec le Ministère de la santé sur la condition physique des élèves et notamment sur la prévention de l’obésité est un exemple concret de travail sur la mixité. Des études ont montré qu’entre 1980 et les années 2000 la condition physique des élèves s’est dégradée et que l’obésité devient un problème de plus en plus préoccupant du point de vue de la santé bien sûr, mais aussi social. L’état d’obésité conduit nombre enfants concernés à l’isolement. Proposer à ces élèves une pratique sportive adaptée aux « costauds » et les intégrer dans une dynamique en leur permettant d’adhérer à un projet et de s’investir permet de rompre l’isolement et facilite les échanges.
D’une façon plus générale, la participation des élèves dans leur diversité aux activités de l’UNSS favorise les rencontres et les échanges qui sont bénéfiques à court terme, mais aussi pour les adultes qu’ils seront demain.
Voyez-vous des évolutions en matière de mixité ? Des évolutions préoccupantes ?
Aujourd’hui nous avons la chance d’être une fédération avec un encadrement d’un très haut niveau. Les cadres des Associations Sportives ont minimum fait quatre ans d’études, ils sont formés et experts dans leur démarche d’enseignement. Ils mettent en place des activités en lien avec les valeurs de l’UNSS d’égalité, de respect, de solidarité, et choisissent les activités les mieux adaptées à la réalité de leur établissement. En effet, leur objectif n’est pas de proposer un maximum d’activités, mais des activités les mieux adaptées au plus grand nombre de l’établissement. Par exemple, le projet du collège Elsa Triolet à Vénissieux, pourtant porté par un professeur passionné de volley, s’est orienté sur la voile et ce projet « Atout voiles » a permis de favoriser une activité nautique pour un groupe de filles dont l’objectif d’accès à l’autonomie est clairement affiché. Je pense aussi à cet autre collège qui bénéficiant d’un très bon niveau en football a pourtant privilégié l’activité boxe car celle-ci est plus porteuse de règles et rigoureuse dans leur respect. La structuration de l’UNSS et la qualité de l’encadrement permettent de prendre au mieux en compte les demandes et les évolutions.
Pourtant il se joue de nombreuses autres choses que du sport sur un terrain, et qui peuvent relever plutôt de la compétition à tous prix, de la discrimination, voire de la violence ?
Effectivement, il nous revient des inspecteurs d’académie des informations et même des alertes sur ce qui peut se vivre sur les terrains de sport et notamment ceux de football, en termes de tricheries, de mauvais comportements. A l’UNSS, nous sommes plutôt épargnés grâce à la qualité des enseignants et de l’encadrement de notre activité. Nous sommes dans le cadre du sport scolaire, sous l’autorité des chefs d’établissement (présidents des Associations Sportives), le contrôle des recteurs et l’application des directives ministérielles. C’est beaucoup plus difficile pour les clubs associatifs qui ne vivent que grâce à l’implication de bénévoles qui ne sont pas toujours formés. Notre fonctionnement associatif nous permet d’éviter la mobilisation de personnes dans les Conseils d’administration qui peuvent se laisser dériver à d’autres intérêts que ceux des valeurs éducatives du sport. Mais c’est effectivement plus difficile dans le football qui est le sport qui symbolise probablement le plus l’évolution sociétale du fait de sa forte médiatisation. Aujourd’hui, on valorise plus le plus gros salaire que les compétences. Hier, on valorisait le bon ouvrier ou la qualité de l’artisan, alors qu’aujourd’hui on félicite le commercial qui fait le plus gros chiffre. Et la presse met plus en avant les insultes d’un footballeur aux journalistes que les valeurs véritablement sportives. D’ailleurs le savoir faire organisationnel de l’UNSS, 250 000 événements sportifs par année, n’attire que peu ces journalistes qui cherchent le buzz. Pour revenir au football, il faut le souligner que les dérives sont plutôt du fait des hommes et liées à l’argent ; le football féminin ne connait pas les mêmes évolutions.
Comment se combinent compétition et solidarité dans l'apprentissage du sport ?
A l’UNSS la rencontre sportive prime sur les résultats. L’essentiel est la rencontre autour d’une pratique sportive partagée dans un bon esprit. Avec l’évolution de nos programmes et dans une volonté d’harmonie, nous allons supprimer le sport individuel à l’UNSS dès la rentrée 2012 pour ne proposer que des sports collectifs ou du sport individuel par équipe. C’est déjà le cas pour le Cross Country où le classement se fait par équipe, et en voile, nous avons innové en proposant une formule relais avec un bateau pour une équipe de trois coureurs sur un même parcours.
La mixité liée aux grands évènements est-elle durable ?
Quels ont été, et quels sont encore les effets du BBB de 1998 ?
La coupe du Monde de 1998 a surtout montré que les Français sont capables de se rassembler autour d’un projet fort. Soit on souhaite soutenir ce qui rassemble, soit on veut diviser pour séparer. A l’UNSS, nous préférons ce qui rassemble autour de projets, ce qui donne du sens aux projets communs. A l’UNSS, nous ne parlons pas de BBB, nous n’évoquons pas les origines de la population. Bien sûr, on constate parfois lors des championnats des taquineries surtout quand les Corses ou les Bretons exhibent leurs drapeaux, mais on reste dans le domaine du jeu.
Comment les évènements sportifs et notamment les grands matchs de football permettent-ils de créer de la mixité et de la cohésion sociale ?
Ce sont les évènements qui se passent sur le territoire qui sont facteurs de réunion parce qu’ils suscitent de grandes mobilisations. En ce sens, les JO d’Annecy auraient été une belle occasion. Nous avions d’ailleurs travaillé avec enthousiasme sur le volet éducatif de ces JO. L’organisation de tels évènements est facteur de liens car ils s’adressent à tous.