Dans l’attente d’un poste fixe, j’ai postulé pour une résidence au Collegium de Lyon. Il s’agit d’un contrat de recherche me permettant de poursuivre durant 10 mois mes travaux à Lyon, ce qui était tout à fait cohérent avec mon travail, essentiellement pour deux raisons.
D’abord, il y a ici l’un des meilleurs fonds d’ouvrages slaves d’Europe occidentale. Dans les années, 1840, quelques nobles orthodoxes russes se sont convertis au catholicisme. Il s’agissait d’une démarche intellectuelle et spirituelle, mais aussi d’un mouvement protestataire contre la politique de Nicolas Ier. Les convertis durent fuir la Russie, mais ils ont trouvé en France, chez les Jésuites, un lieu d’accueil et un soutien spirituel.
L’un des personnages emblématiques de ce mouvement est le père Ivan Sergeevi Gagarin (1814-1882), c’est lui qui est à l’origine de cette Bibliothèque slave qui a d’abord été hébergée à Paris, puis à Bruxelles et Meudon, avant d’être accueillie à la bibliothèque de l’École normale supérieure et à la bibliothèque municipale de Lyon, au fonds Jésuite. Ce fonds est donc pour moi une ressource importante.
La seconde raison tient à ma discipline. À Paris, il y a une longue tradition d’étude des religions, qui, à partir des années 50-60, s’est développée notamment sur le plan sociologique et anthropologique. Mais à Lyon, il y a surtout une tradition d’étude d’histoire des religions, tradition qu’il faut à mon sens rapporter, en général, aux liens de cette ville avec le catholicisme. Finalement, c’est surtout ici que se trouvent mes collègues historiens des religions.
Claude Prudhomme à Lyon II, spécialiste de l’Afrique et des missions aux 19e et 20e siècles, Olivier Christin, ancien président de l’université Lyon 2, spécialiste du protestantisme, Étienne Fouilloux, grande figure lyonnaise, qui a dirigé le Centre d’histoire religieuse André-Latreille (1991-1998) où il a formé des générations de spécialistes d’histoire chrétienne, Bernard Hours, professeur à Lyon 3, spécialisé dans l’histoire religieuse de la France, moderne, et je pourrais en citer bien d’autres !