Cycle Veille M3 / Le temps « libre », luxe en déclin ou friche fertile pour cultiver le changement ?

Paradoxe de notre époque : alors que nous travaillons moins d’heures en 2025 qu’en 1995, et que l’automatisation et l’intelligence artificielle promettent de libérer des heures entières de travail humain, nous disposerions de 5 heures de temps libre par jour, selon l’Insee.

Malheureusement, l’omniprésence du numérique et l’effacement progressif de la frontière entre vies professionnelle et personnelle abîment cette promesse d’émancipation.

Aspirés de toute part par les flux du web, nous sommes désormais confrontés aux faux semblants d’amitiés virtuelles, avec des chatbots à notre écoute, qui troquent nos loisirs contre des données et laissent une empreinte écologique croissante.

Dès lors, la question de l’usage et du contenu du temps libre devient un véritable enjeu individuel et collectif. À quoi utiliser ce temps ?

Qu’en faire de socialement utile et épanouissant au plan personnel ? Comment résister au grignotage et à l’envahissement de ce temps par les écrans ?

L’individu peut-il seul surmonter ce défi, ou doit-il être soutenu par des choix collectifs ?

Et si ce temps libre devenait alors temps de soin ?

Pour certains, comme les jeunes aidants, cette responsabilité est déjà assumée chaque jour au pied de la lettre, dans une gestion du temps certes contrainte, mais solidaire, rarement ludique, mais toujours généreuse et féconde.

Et si, en mutualisant nos efforts en faveur d’un futur souhaitable, en nous répartissant la charge des « communs négatifs », le poids porté par celles et ceux déjà engagés sur cette voie devenait moins lourd ?

Cultiver ce qui permet la vie, dans un espace collectif ouvrant la voie à la mise en mouvement d’institutions aux modèles dépassés : plutôt que de temps libre, n’avons-nous pas besoin de temps responsable ?

Bonne lecture !