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CITIC-NUMÉRIQUE ET ESPACE URBAIN (archives)

Photographie d'un personne utilisant un plan sur tablette pour observer le territoire sur lequel il se situ

Dossier

Actes de la journée du 15 octobre 2010

15 octobre 2010 : La salle du Conseil du Grand Lyon accueillait en son sein près de 200 acteurs aux profils variés - urbanistes, élus, sociologues ou géographes, étudiants, artistes, etc. -, afin de discuter des enjeux de la "ville numérique". Un vaste chantier, dont la simplicité de la formule ne rend peut-être pas suffisamment compte.

La structuration de ces Actes fait écho à la transversalité disciplinaire de la journée. Plutôt que d'organiser la restitution par tables rondes, nous avons préféré rassembler les problématiques autour des quelques grands points de discussions.
Date : 15/10/2010

Le programme de la journée

 

Ouverture :

‣ Karine Dognin-Sauze, Vice-présidente du Grand Lyon chargée de l’innovation et des nouvelles technologies d'information et de communication
‣ Denis Bernadet, Animateur du débat
‣ Patricia Welinski, École Nationale des Beaux-Arts de Lyon

 

Quelle société voulons-nous à l’heure du numérique ?

‣ Présentation des réflexions du Grand Lyon

 

1ère table ronde : Ville des individus, ville du collectif ? Quelles nouvelles formes de sociabilité et quelles conséquences sur les lieux physiques ?

‣ Dominique Cardon est sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs et chercheur associé au Centre d’études des mouvements sociaux à l’EHESS. Ses travaux portent sur les relations entre les usages des nouvelles technologies et les pratiques culturelles et médiatiques. Il s’intéresse notamment aux transformations de l’espace public sous l’effet des nouvelles technologies de communication. Ses recherches récentes portent sur les réseaux sociaux de l’Internet, les formes d’identité en ligne, l’auto-production amateur et l’analyse des formes de coopération et de gouvernance dans les grands collectifs en ligne.

‣ Loïc Haÿ est chargé de mission Internet public et citoyen de l’ARTESI Ile de France. Il intervient pour soutenir à l'échelle régionale le déploiement de l'Internet public et citoyen et favoriser la généralisation des portails de ville et d'intercommunalités et la mise en place de services aux citoyens.

‣ Stéphanie Lucien Brun est co-fondatrice du réseau des Espaces Publics Numériques du lyonnais. Les Espaces Publics Numériques soutiennent le développement des usages du numérique, notamment pour les publics qui en sont les plus éloignés. Elle accompagne des projets TIC avec une dimension sociale.

 

2e table ronde : Ville fonctionnelle, ville ludique ? Comment le numérique peut apporter des services aux usagers, in situ dans l’espace public, en temps réel ? Comment le numérique peut donner une dimension ludique à l’espace public, y compris avec une fonction éducative ?

‣ Philippe Gargov est géographe et spécialiste de la ville numérique, fondateur et animateur du cabinet de prospective pop-up urbain rassemblant de jeunes professionnels aux profils variés - architecture, urbanisme, marketing, histoire de l'art... - afin d'explorer les nouveaux imaginaires de la ville et de participer à la conception de villes ludiques et désirables, à l'heure du "Siècle des Lumières numériques".

‣ Catherine Beaugrand est artiste et chercheuse dans le domaine des représentations numériques. Elle établit une relation privilégiée aux espaces urbains, impliquée dans un propos qui met en jeu l’architecture et son histoire. Depuis 2008, elle est enseignante à l’École Nationale des Beaux-Arts de Lyon où elle met en place datadata, unité de recherche sur l’usage des métadonnées dans la pratique artistique. Elle est intervenue comme commissaire d’une manifestation d’urban gaming à la Biennale Internationale du Design 2008 à Saint- Etienne.

‣ Jean-Philippe Clément est chargé de mission TIC à la Ville de Paris. Il est à l’origine de la notion de « Servitude TICC » qui permet dans les contrats de mobilier urbain de réserver dans le mobilier un emplacement communicant totalement maitrisé par la collectivité. Il a réalisé, participé ou suivi plusieurs expérimentations sur le territoire parisien concernant les mobiliers « intelligents » ou les technologies mobiles.

 

3e table ronde : Ville réelle, ville virtuelle ? Comment le numérique transforme notre rapport à l’espace ? (Ville augmentée, présence à distance, relations à distance). Plus qu'une opposition entre réel et virtuel il s'agit de comprendre comment l'articulation systématique des deux met en place des situations d'usage et implique des transformations dans l'aménagement et la conception des espaces publics.

‣ Nicolas Nova est responsable éditorial de Lift, une série de conférences sur l’innovation et les implications du numérique. Il est également chercheur-consultant à Liftlab pour laquelle il réalise des études sur les usages de nouvelles interfaces et services innovants pour le compte de sociétés dans le domaine du numérique. Par ailleurs, il enseigne le design d’interaction à la Haute École d’Art et de Design à Genève et à l'ENSCI à Paris.

‣ Hugues Aubin est Chargé de mission TIC à la Ville de Rennes et Chargé de mission aux technologies de l'information à Rennes Métropole. Il a successivement déployé des sites web, des supports multimédia et des extranets d'alimentation d'information avant de développer de nombreuses expérimentations en rapport avec la notion de territoire "augmenté" avec un objectif de services aux habitants. Depuis 2004, il travaille sur la veille, l'expérimentation avec les habitants, l'administration électronique et la politique de ville, en lien avec de nombreux réseaux.

‣ Boris Beaude est géographe et chercheur au sein du laboratoire Chôros de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne et Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris. Ses travaux portent sur la dimension spatiale de la télécommunication et plus généralement sur le contexte spatial de l'interaction sociale. Il s'intéresse aux moyens que les individus se donnent pour maîtriser l'espace et, en particulier, à Internet comme espace singulier de la coexistence.

 

Rapport d’étonnement

‣ Olivier Frérot, Directeur de l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Lyonnaise

 

 

Conclusion, l'utilisateur au centre des innovations ?

 

Face au risque de "subversion" des outils numériques, Hugues AUBIN  choisit de positiver : "Cette réalité existe. Mais elle est également productrice de créativité et d’appropriation de la ville. Je pense que nous pouvons laisser cela se développer en marge de nos préoccupations".

Nicolas NOVA  semble partager ce regard, et insiste sur le nécessaire effort de compréhension (et de tolérance) dont devraient faire preuve les autorités urbaines : "les professionnels de l’urbanisme public doivent se familiariser avec la culture numérique et la respecter, sans la réduire à un phénomène futile ou qui relèverait de la science-fiction. A ce titre, l’intervention d’experts en sciences-humaines permettrait d’analyser et de mieux comprendre l’évolution des pratiques individuelles.  Cet effort de compréhension sera nécessaire pour éviter que la ville de demain ne soit façonnée par des opérateurs privés du secteur informatique". Par exemple, "la Corée du Sud a développé un projet de ville nouvelle numérique, qui s’apparente à une solution clé en main élaborée par des architectes, des opérateurs téléphoniques et des sociétés informatiques. Des doutes légitimes pèsent sur la place qui sera laissée à l’humain et au citoyen dans un tel projet".

Dès lors, il convient - cela a maintes fois été dit - de remettre le citadin au centre de l'innovation, en repartant notamment d'une observation des usages et pratiques existantes, ainsi que des besoins réels et non pas supposés des habitants. Ce point de vue est résumée, en ouverture de la journée, par Karine DOGNIN-SAUZE : "Nous souhaitons une politique qui place l’expérimentation au cœur de l’espace public, pour donner une nouvelle centralité à l’usager dans ce processus de création".

Le design joue dans ce processus un rôle essentiel, comme l'explique Patricia WELINSKI : "Le design résulte d’une observation des usages. Il a une capacité à extrapoler des usages en devenir. Il joue un rôle important en matière de pratiques urbaines, de citoyenneté, d’habitat de la ville... Il a également une capacité de médiation sur des projets complexes". C'est pour l'acuité de ce regard que les étudiants en design de l'école des Beaux-Arts ont pu s'inspirer des échanges de cette journée pour concevoir quatre concepts serviciels répondant aux enjeux de la ville numérique. Ceux-ci sont présentés ci-après.