l y a plusieurs types de business, certains construisent leur stratégie dans une grande intimité avec les clients, et sont toujours prêts à saisir les nouvelles tendances du marché. Là, l’open innovation est un outil puissant pour cela. Mais ce n’est pas toujours le cas. C’est la même chose avec cette autre mode actuelle qu’est le Lean Start-up management. Il s’agit d’une transposition de la logique de développement logiciel dans des secteurs non liés à l’informatique. Cette forme de discussion itérative avec un marché, avec un time-to-market rapide (donc un niveau de risque globalement assez bas), cela marche si l’on est dans ce cas de figure stratégique, si cela correspond à des produits que l’on peut faire évoluer rapidement comme dans le numérique. Ce qui est certain, c’est que si vous êtes un investisseur cette approche est intéressante : cela veut dire que vous avez peu à investir dans des projets qui doivent faire leurs preuves en moins de 6 mois. C’est une bonne martingale pour ne pas perdre d’argent, mais encore une fois qu’est ce que cela dit de ces projets ?
Pour un constructeur automobile avec des cycles de développement à 3-5 ans, ou des biotechnologies avec un cycle à 15 ans, pour de l’énergie avec un cycle à 20 ans, c’est moins le cas. Là, l’open innovation ou le « Lean » seront beaucoup plus compliqués.
On a vu un bon exemple de design avec Nokia qui, autour de 2007-2009, avait fait une fantastique campagne d’open innovation. Ils se sont dit qu’ils étaient les meilleurs dans les technologies mobiles, mais que leur vente de smartphone était très faible. Leur projet visait à comprendre ce que les consommateurs mettaient derrière un smartphone. Ils en avaient tiré trois modèles de produits, des prototypes co-designés avec les utilisateurs, les ingénieurs et les designers. Le résultat était en gros un téléphone avec un écran tactile muni d’un seul bouton physique en bas de l’écran au milieu, qui ressemble un peu à une savonnette… donc un iPhone. Et pourquoi ? Car on ne peut pas demander à un marché B2C de se projeter dans un futur un peu éloigné. Ils vont demander, avec un effet de halo sur le marché un peu fort, le produit qui semple le plus séduisant du moment. Si on fait de l’open innovation aujourd’hui sur la voiture, on risque de co-designer une Audi ou une BMW… on peut s’économiser des millions d’euros à ne pas le faire !
Pour conclure sur l’open innovation, disons qu’il y a des méthodologies qui apparaissent de façon cyclique, car elles répondent à des besoins des innovateurs eux-mêmes. On veut trop les utiliser dans des acceptions qui ne sont pas les leurs, et ceux qui les proposent ont toujours envie d’en rajouter. De surcroît, entre l’idée de départ – l’Open Innovation décrite par Henry Chesbrough – et ce qui est retenu à l’arrivée, on arrive à une position très dénaturée, à force de vouloir faire jouer le modèle dans toutes les situations.