Michel Lussault, géographe : « Que serait une habitation du monde soutenable qui s’appuierait sur les principes du care ? »

Interview de Michel Lussault
Géographe et professeur à l’École normale supérieure de Lyon (ENS)
Interview de David SERVAN-SCHREIBER
<< Les médecines alternatives sont plus efficaces que les médecines conventionnelles pour le contrôle des maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité en Europe ! >>.
Interview de David Servan-Schreiber, Docteur en médecine, professeur clinique à l’Université de Pittsburgh (Etats-Unis), auteur du livre « Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse » (Laffont, 2003), chargé de cours à l’Université Claude Bernard Lyon 1.
En France, les méthodes naturelles en médecine ou en psychiatrie sont totalement négligées. En France quelques initiatives ont vu et voient le jour. Ces médecines s'avèrent très efficaces voire plus efficaces que les médecines traditionnelles et on estime que le quotient émotionnel intervient fortement dans ce type de thérapie au même titre qu'il intervient dans l'harmonie de la vie quotidienne.
Quelle est votre perception de la recherche médicale en France ?
Il y a des chercheurs d’une grande qualité qui travaillent en France avec une limite de moyens inconcevable pour des pays comme les Etats-Unis ou le Canada. Le financement actuel du système par l’industrie biaise le choix des sujets explorés en faveur des interventions pharmaceutiques. Les méthodes naturelles de traitement capitalisant les capacités du corps à se guérir lui-même, au niveau physique et psychique, sont, en particulier, totalement négligées ! La médecine devrait consister en un accompagnement de ce processus d’autoguérison. Mais comme ces méthodes sont naturelles, elles ne sont pas brevetables. Il n’y a pas d’intérêt économique à faire de la recherche dessus… Des gens comme Michel de Lorgeril, grand pionnier de la nutrition en cardiologie, ou Jean Cottraux, psychiatre comportementaliste, sont de véritables héros pour avoir fait de la recherche dans des domaines non financés. Le principal risque pour la France est de voir partir ses chercheurs à qui de meilleures opportunités sont proposées ailleurs. J’ai espoir que, sous la pression des patients et des médecins eux-mêmes qui souhaitent plus se tourner vers des méthodes naturelles, les choses évoluent et les institutions suivent. Le plus fort lobbying viendra, à mon avis, des organismes d’assurance.
Des livres qui, comme le votre ou celui de Jean Seignalet1 , ont connu un important retentissement auprès du grand public, ont-ils eu une incidence sur le choix des thématiques de recherche ?
Non, aucune ! Ces ouvrages ont, par contre, contribué à faire évoluer les mentalités, y compris au sein du corps médical. Certains médecins ne les lisent pas en se disant que c’est trop beau pour être vrai, d’autres s’y intéressent, voire les mettent en pratique. Aujourd’hui, le lien entre la nutrition et l’état de santé est prouvé. Si l’alimentation ne correspond pas aux besoins du corps, elle peut être source de maladie. Si elle est adaptée, elle est source de guérison... On ne peut pas se permettre de faire l’impasse sur ce type d’informations, même si on n’est pas encore à stimuler la recherche !
Vous citez dans l’une de vos interviews l’existence de centres de médecine alternative aux Etats-Unis. De quoi s’agit-il ? De telles initiatives voient-elles aussi le jour en France ?
On parle désormais de médecine intégrative pour désigner l’ensemble des méthodes naturelles de traitement qui permettent au corps de retrouver par lui-même l’équilibre qu’il a perdu, en se fondant sur ses liens avec l’esprit. Il s’agit de la nutrition, de l’exercice physique, de méthodes traditionnelles comme l’acupuncture, les massages, l’ostéopathie, la lutte contre le stress… qui marchent bien pour certaines maladies. L’idée est d’intégrer ces approches à la médecine conventionnelle, pour en augmenter le confort et l’efficacité. Si vous êtes atteint(e) d’un cancer, vous souhaitez bien évidemment bénéficier de la meilleure radiothérapie, de la meilleure intervention chirurgicale et de la meilleure chimiothérapie possible. Si, grâce à l’acupuncture, vous savez que l’intensité des nausées déclenchées par la chimio peut être significativement diminuée, est-ce que vous ne souhaiteriez pas en profiter ? Et lorsque votre traitement prend fin, au lieu de retourner chez vous et d’attendre le prochain contrôle, est-ce que vous n’apprécieriez pas d’être conseillé(e) sur des approches complémentaires qui permettent de réduire la récidive ? C’est ce type de centre que j’ai créé à l’Hôpital de Pittsburgh. En France, il y a quelques initiatives à souligner : à Nîmes, par exemple, un service d’acupuncture est intégré à l’hôpital. A Bobigny, il existe un Diplôme Universitaire de Médecines Naturelles…
Sur quels types de pathologies un traitement par les médecines alternatives est-il particulièrement pertinent ?
D’abord, lorsque je parle de médecines alternatives, j’entends des approches qui ont prouvé scientifiquement leur efficacité : la synchronisation des rythmes du cœur et du cerveau, l’acupuncture, l’alimentation et les oméga 3, l’exercice physique, l’utilisation des mouvements oculaires pour effacer les traumatismes (EMDR), etc. Les médecines alternatives sont non seulement pertinentes mais plus efficaces que les médecines conventionnelles pour le contrôle des maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité en Europe ! Elles sont aussi à utiliser pour la prévention du cancer, la dépression, l’arthrite, le mal de dos… Il n’y a aucune raison pour que cela ne fasse pas partie de la médecine de tous les jours. Je pense que ne pas offrir la thérapie EMDR aux gens atteints d’un traumatisme sera considéré dans quelques années comme passif de négligence médicale. Or, aujourd’hui, je suis le seul à l’enseigner en France !
Pourriez-vous présenter la notion d’intelligence émotionnelle ?
L’intelligence émotionnelle est garante du succès de quelqu’un dans la vie : réussir sa vie professionnelle, vivre en couple avec la personne adéquate, élever ses enfants dans l’harmonie, avoir des amis et les garder… Ce type d’intelligence est peu corrélé avec le Quotient Intellectuel. Il s’agit d’autre chose, du Quotient Emotionnel: c’est la capacité à reconnaître chez soi et chez les autres les états émotionnels, et à savoir les faire évoluer dans le bon sens. Si on parvient à faire ça, on va très loin dans la vie ! Chacun de nous a dans son entourage des gens pas très intelligents mais qui savent rendre leur bonne humeur aux autres, les aider, se gérer eux-mêmes, ramener un enfant qui boude à table… Ce sont ces gens-là qui attirent le succès. Ils ne sont pas bons en maths ou ne savent pas choisir une bonne police d’assurance mais, en cas de besoin, ils savent s’entourer de quelqu’un de capable qui aura envie de les aider. Comment développer son quotient émotionnel ? En apprenant à reconnaître ses propres émotions et en améliorant ses relations avec autrui. L’enjeu est d’arriver à gérer les conflits autrement qu’en les évitant ou en devenant agressif, en s’affirmant. Il est aussi possible de recourir à des méthodes traditionnelles de développement personnel comme le yoga ou la méditation…
1 « L’alimentation ou la 3e médecine », De Guibert.
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