Le Rhône face à ses mutations
Étude
Assisterait-on à une réinvention du fait départemental ?
Interview de Jean-Loup MOLIN
<< L’observation et le décryptage des tendances conduisent naturellement à repérer des initiatives innovantes ou à en proposer >>.
Quel est l'intérêt pour une agglomération, de se doter d'un service qui "fait de la prospective", que peut-on en attendre ?
La démarche Millénaire3 a légitimé le Grand Lyon comme animateur du débat avec l’ensemble des acteurs de l’agglomération (acteurs institutionnels et société civile) et comme fédérateur du projet d’agglomération.
Ce projet d’agglomération doit se nourrir de réflexions sur les grandes tendances qui sont à l’œuvre dans la société, et dans la métropole en particulier.
La connaissance des tendances nécessite une production organisée, pérenne et accessible à tous, c’est donc la première vocation du centre de ressources prospectives mis en place par le Grand Lyon à la DPSA.
A partir du centre de ressources, la DPSA fait du « décryptage » et assure le lien avec les politiques publiques que le Grand Lyon élabore dans les champs de ses compétences et avec les différentes démarches stratégiques.
On entend souvent par prospective l’élaboration de scénarios, ce n’est pas le cas à la Direction de la prospective du Grand Lyon ?
Nous avons choisi de travailler sur les grandes tendances que nous repérons avec l’aide d’un réseau de « veille », que nous animons. Rien n’interdit, dans le cadre d’une démarche particulière d’avoir recours à des techniques de scénarios à partir des matériaux que nous avons produit. Mais ce n’est pas la vocation de la Direction de la prospective du Grand Lyon que de développer ce savoir-faire là.
Pourquoi avoir réuni dans une même direction un centre de ressources prospective et des missions comme l'Espace des temps, la Concertation, l’Agenda 21 ...? Quels sont les liens ?
L’observation et le décryptage des tendances conduisent naturellement à repérer des initiatives innovantes ou à en proposer. Quand les élus du Grand Lyon souhaitent s’engager sur celles d’entre elles qui ont un caractère très transversal, il faut passer par un temps « d’incubation », avec un dispositif de travail léger, placé auprès du directeur général des services. C’est à la DPSA que l’on peut trouver une bonne adéquation entre enrichissement collectif et positionnement ad hoc dans l’institution.
En quoi la démarche Lyon 2020 s’inscrit-elle dans la dynamique de la DPSA ?
La démarche Lyon 2020 permet de mobiliser les forces vives du territoire autour de thèmes emblématiques porteurs d’innovation et d’identité. Elle permettra de formuler une vision de l’avenir du Grand Lyon dans une perspective résolument métropolitaine, c’est-à-dire solidaire du grand territoire qui s’étend de Saint-Etienne à Bourgoin-Jallieu et de Villefranche à Vienne.
Cette démarche mobilise fortement les ressources prospectives et les apports des missions de la DPSA (développement de la participation citoyenne, articulation des nouveaux «temps » de la cité, prise en compte du développement durable, nouvelles scènes de gouvernance territoriales…). Mais elle prendra aussi en compte toutes les réflexions et orientations issues des autres démarches en cours (SCOT et InterSCoT, PLH, Grand Lyon Esprit d’Entreprise…) qui mobilisent élus et techniciens du Grand Lyon, du SEPAL, de l’Agence d’Urbanisme, etc.
Quelles issues concrètes, opérationnelles sont parfois sorties de ces réflexions ?
La mise en place de la mission concertation, de la mission Agenda 21 ou encore la mission animalité urbaine est issue des travaux de recherches prospectives de millénaire3, démarche impulsée sous le mandat de Raymond Barre. D’autres travaux ont également conduit à des propositions concrètes, c’est le cas, notamment pour la « Discrimination », thème qui a également conduit à proposer la création d’une mission égalité. Actuellement un chantier est en cours sur la question de la proximité ; chantier qui vise également à formuler un certain nombre de recommandations à l’institution. La démarche Lyon 2020 , pilotée par la direction de la prospective, débouchera sur des propositions qui ont vocation à être reprises et alimenter les prochaines mandatures, dans des domaines comme la gastronomie, la santé, la lumière etc. Les travaux de prospective ont-ils toujours vocation à déboucher sur du concret ?
Le travail de prospective, mené dans le cadre de la démarche millenaire3, a contribué à transformer profondément l’image du Grand Lyon auprès des réseaux d’acteurs de l’agglomération. L’anticipation des événements du Grand Lyon, au travers d’outils comme l’agenda métropolitain ou le site internet Lyon-business.org, permettent à tous les acteurs de l’agglomération d’harmoniser leur politique évènementielle et de s’inscrire dans une vision globale et partagée de cet événementiel. Le partenariat que nous avons instauré récemment avec Saint-Etienne Métropole sur l’agenda métropolitain, qui couvre désormais des deux agglomérations, nous amène à tisser des liens de proximité forts avec cette agglomération.
Ce rôle de mise en réseau, de mise en visibilité des potentiels des agglomérations n’est pas opérationnel au sens concret du terme, mais il joue pourtant un rôle essentiel.La direction de la prospective, par son travail de réflexion et de mise en émergence et en débat de la pensée sur des sujets de société - religion, vivant dans la ville, discrimination, vieillissement…- enrichit et accompagne les décisions politiques.A cet égard, la démarche Lyon 2020 a pour vocation de faire prendre conscience de l’importance du « symbolique » pour des institutions publiques qui produisent des politiques « rationnelles », mais aussi pour les hommes politiques qui ont aussi vocation à « poser » des actes symboliques.
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