La difficulté est vraiment d’envisager de faire autrement que ce qu’on faisait avant. On imagine souvent l’avenir comme le prolongement du passé, mais pour l’agriculture, et face au changement climatique, il y a quand même de vraies interrogations à avoir. Y aura-t-il assez d’eau pour envisager de continuer comme on le voudrait ?
Ceci étant dit, on a pour l’instant de la marge de manœuvre sur notre bassin, parce qu’on dispose de systèmes d’irrigation qui ont encore un potentiel d’économie d’eau assez élevé. On utilise par exemple beaucoup de canaux d’irrigation qui fonctionnent de manière gravitaire, avec pas mal de pertes par évaporation ou par fuites. On pourrait donc très bien optimiser ces systèmes de transfert d’eau afin d’en limiter les pertes. On travaille d’ailleurs depuis longtemps avec la profession agricole sur le sujet, notamment sur la partie sud du bassin, et il y a encore des progrès à faire en la matière.
L’autre solution consiste à s’interroger sur les besoins en eau, en lien avec le choix des cultures et des types de pratiques, en particulier dans un contexte d’assèchement des sols. Il y a des leviers qui restent largement à investir autour du travail du sol. Comme je l’ai évoqué, le changement climatique souligne l’importance des interactions eau-sol, or c’est un enjeu qu’on a jusqu’à présent peu exploré, avec une politique de l’eau très orientée sur les tuyaux. L’agroécologie, la couverture des sols ou le non-labourage sont autant de pratiques, parfois anciennes, qui reviennent au goût du jour, notamment parce que ces pratiques permettent de maintenir l’humidité des sols.
Il y a donc clairement deux leviers : un premier qui peut sembler rassurant parce qu’il consiste à investir dans des ouvrages hydrauliques pour avoir toujours autant d’eau disponible, et un autre qui consiste à faire évoluer l’agriculture pour avoir moins besoin d’eau, dans un contexte où elle va se raréfier.