La socialisation religieuse est bien moins forte aujourd’hui en France qu’il y a quelques décennies, où le catholicisme était bien ancré, quels en...
question
reponse
En tant que sociologue des religions, j’ai toujours résisté à la tendance à réduire la religion à une opinion métaphysique sur l’existence de Dieu. Les religions sont des infrastructures culturelles, des systèmes de représentation, une façon de dire la condition humaine, mettant en jeu une relation à des entités invisibles, que cela soit un Dieu monothéiste, polythéiste, l’esprit des ancêtres ou des esprits animaux dans le chamanisme. Cela va de pair avec des représentations, avec des pratiques rituelles, qui inscrivent la condition humaine dans un univers de sens. Le sens est à la fois signification, orientation, sensation. Mais vous avez raison, que l’on soit croyant ou non, une majorité des Français a été socialisée dans le christianisme voire un enseignement catholique qui leur a donné des repères au niveau normatif et éthique. En matière de sociologie des religions, le phénomène nouveau ce sont les personnes sans religion issus de parents eux-mêmes sans religion, ce qui fait surgir une nouvelle condition existentielle. Auparavant nous avions des personnes sans religion issues de familles religieuses, mais qui n’avaient pas transmis. Ces nouvelles générations n’ont pas le ressentiment d’un certain nombre de Baby-boomers envers le catholicisme. Aujourd’hui la socialisation religieuse s’est énormément affaiblie, d’où de l’anomie culturelle et religieuse, qui créé une situation où les gens peuvent d’autant plus être séduits par ce que j’appelle des entrepreneurs dans le domaine du salut. Une autre évolution majeure est l’acceptation du pluralisme des croyances.