Maud Bigot, quel est le projet et comment fonctionne le SAMU social que vous dirigez ?
question
reponse
Le SAMU SOCIAL fonctionne à l’année 7 jours / 7, de 9h à 19h. En 1 an, le Samu social a rencontré 2380 personnes différentes et nous en accompagnons 170 environ. Composé de 10 travailleurs sociaux, le service est renforcé en hiver, durant le plan froid, par des équipes de nuit qui interviennent de 19h à 1h30 du matin. Des infirmiers interviennent en renfort, la nuit en hiver. L’idée fondamentale du SAMU SOCIAL est d’aller à la rencontre des personnes dans la rue (ainsi, personne ne vient au local du SAMU SOCIAL), soit en répondant au signalement du 115 soit en effectuant des maraudes, c’est-à-dire en quadrillant le territoire à la rencontre de nouvelles personnes. Le SAMU social intervient sur l’ensemble du département du Rhône, mais dans les faits les personnes sont essentiellement situées dans la Métropole et même plus précisément sur Lyon et Villeurbanne puis, un peu, sur la couronne autour.
Lors des premières rencontres avec ces personnes, nous cherchons à répondre tout de suite à ce qui est possible, en fonction des disponibilités du dispositif. Quels sont ces besoins ? En journée cela peut être : accompagner la personne dans un accueil de jour ou l’accompagner dans un vestiaire pour qu’elle trouve de nouveaux vêtements, l’accompagner sur son hygiène, ou encore faire le 15 si la personne ne va pas bien, lui amener des couvertures, des bouteilles d’eau… Nous essayons également d’orienter les gens vers les dispositifs dont ils relèvent et qu’ils ne connaissent pas. Une des singularités à Lyon (même si ce n’est pas le seul territoire où cette dynamique existe) - et à l’inverse de Paris -, est que nous essayons d’évaluer de quelle manière les personnes se connectent avec les dispositifs qui leur sont destinés.
De notre côté, nous ciblons nos interventions sur les personnes en non-demande, en non-recours, vis-à-vis des dispositifs, celles qui ne sont pas déjà accompagnées par d’autres associations ou services. Parfois, ce travail d’évaluation représente quelques rencontres, d’autres fois il peut représenter 10 à 15 rencontres. Lorsque nous accompagnons la personne, nous lui nommons 2 référents dans l’équipe de jour qui sont chargés d’aller rencontrer la personne singulièrement et régulièrement dans le but de créer une relation qui sera un support à l’émergence de demandes, de désirs, d’envies, auxquels nous répondrons par le recours aux dispositifs existants. Ce travail d’accompagnement peut être extrêmement long. C’est un travail d’interface avec les institutions qui peut durer 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 10 ans, puisque c’est au rythme de la personne et sur la base de la libre adhésion. L’idée est d‘ouvrir les champs des possibles, de signifier, par notre présence et par la régularité, que la personne n’est pas assignée à la rue. Si un jour elle le souhaite, elle peut faire une demande, nous serons là pour l’aider à y répondre.