Quels sont les liens entre un fab lab, les makers et l’Education Populaire ?
question
reponse
Ils sont nombreux ! Nous avons créé un fab lab et je considère que c’est de l’Education Populaire. Avec Planète Science Occitanie et Science Animation à Toulouse nous sommes en train d’imaginer un maker space pour le Quai des Savoirs. Le « faire, » c’est notre culture depuis des années. Pourtant, pour les acteurs de la culture scientifique et technique, il n’a pas été toujours simple de s’emparer de la culture maker. La culture maker, n’est pas envisagée de la même façon selon les pays. En France, on parle de bricolage, et c’est souvent déconsidéré, on pense en général que ça n’est pas vraiment intéressant, alors qu’aux Etats-Unis, c’est noble quelqu’un qui bricole. Aux Etats-Unis, un maker c’est un Elon Musk en puissance, alors qu’en France on ne voit qu’un gentil papy en bleu de travail…
Cela change, mais il y a eu une résistance institutionnelle. Beaucoup de gens nous ont regardé de haut quand nous avons monté un fab lab à la Casemate. D’ailleurs, il est révélateur qu’il n’y ait pas eu d’atelier de bricolage à la Cité des Sciences avant notre programme Inmédiats ! Pourtant, quand on visite des laboratoires du CNRS ou du CERN ou de tout autre institution, on y voit bien des chercheurs et des chercheuses qui bricolent… Le fab lab c’est une actualisation de l’Education Populaire parce qu’il permet de s’interroger sur les usages, les données, la propriété, il n’est pas un simple lieu de transmission d’un geste technique.
On a donc vu de vrais effets avec le fab lab à la Casemate. Par rapport à l’Education Populaire classique, on nous a dit, c’est l’équivalent d’un atelier bois dans une MJC… Oui, mais à la différence près que nos machines sont à commandes numériques, ce qui n’est pas forcément le cas dans les ateliers bois. Et que plus largement, le numérique, une fois encore véhicule d’autres valeurs, permet de parler d’open source, de partager des plans, de développer une créativité commune, d’utiliser et de contribuer à des licences ouvertes, de s’appuyer sur les creative commons pour diffuser des projets initiés dans le fab lab, etc.
Par ailleurs, on questionne nos usagers sur la contrefaçon, sur la propriété intellectuelle… Autrement dit, un fab lab a d’autres fonctions que l’apprentissage et la transmission technique. J’y apprends que je n’ai pas le droit d’y faire un faux T-Shirt Nike, parce que c’est interdit… On a souvent été confronté à des discussions sur ces enjeux avec des jeunes. Plus largement, le fab lab ouvre aussi sur l’Internet des objets. On y a développé des projets avec des capteurs de données, et on s’est interrogé sur la l’usage des traces numériques. Donc, au-delà du bricolage, le fab lab ouvre sur de nombreuses questions.