Robert Gordon est parfois qualifié de « technopessimiste » par opposition aux « technoptimistes » qui défendent l’idée que la troisième révolution...
question
reponse
Il ne fait pas de doute que le progrès technique va s’incorporer à la société, va percoler petit à petit. Mais que l’on accélère cette intégration dans les différentes sphères productives via des mesures incitatives ou qu’on laisse faire, cela ne changera pas grand-chose sur le long terme. J’aurais tendance à penser que les pays avancés vont structurellement vers de la croissance faible à moyen terme. La troisième révolution industrielle ne donne pas lieu jusqu’à présent à une croissance forte, à l’exception des Etats-Unis à la fin des années 1990 où l’on a assisté à un rebond de la productivité et de la croissance sans doute suscité par les innovations réalisées dans ce domaine. Si l’on suit Robert Gordon, en termes d’infrastructures, nous ne pouvons pas mettre au même niveau le numérique et l’ensemble des infrastructures précédentes. C’est même parce que toutes les infrastructures du socle socio-technique existent que l’on peut poser la « petite couche » numérique supplémentaire. Les gains de productivité furent exceptionnels — la productivité horaire était de 2,8% par an dans les années 1920-1970 — et ne pourront plus être atteints selon Gordon, y compris en raison de tout un ensemble de raisons qui dépassent la seule question technique (vieillissement de la population, inégalités, niveau d’éducation stagnant, dette publique). La croissance est plus complexe que la simple incorporation du « progrès technique » dans la société.
