La procédure de dialogue compétitif est utilisable pour des contrats de partenariat mais pas pour des DSP. Le principe est de sélectionner trois ou quatre partenaires, de les mettre en concurrence au cours d’un long processus qui dure généralement plus d’un an, afin qu’ils formulent des offres intéressantes, qu’ils réfléchissent à des innovations, à des recettes annexes, etc.
Pour mettre en concurrence les opérateurs et qu’ils innovent vraiment, il faut qu’ils soient certains qu’il n’y a pas de fuites entre les trois ou quatre silos de la procédure. C’est-à-dire que du côté de la collectivité, il faut idéalement qu’il y ait autant de personnes qui mènent le dialogue compétitif que de groupements, afin de rassurer les opérateurs. En effet, si le même interlocuteur public discute avec les différents partenaires privés, ils se douteront qu’il y aura des fuites. Les opérateurs ont assez peur de cela. Cela signifie donc qu’il faut investir en amont du projet, dès la phase de dialogue compétitif. Bien souvent, les collectivités sont d’ailleurs assez déçues du manque d’innovation générées au travers du dialogue compétitif et lorsqu’on demande aux opérateurs quelles en sont les causes, ils expliquent qu’ils craignent des fuites d’informations vers leurs concurrents. Certains considèrent aussi que la partie publique n’a pas les compétences en face et qu’il est difficile d’expliquer des innovations technologiques à une personne qui n’a pas forcément l’expertise pour les « challenger ».
Une autre remarque m’a été faite lorsque j’en ai discuté avec des opérateurs. Ils m’ont dit que bien souvent lors d’un dialogue compétitif, la partie publique insiste sur le fait qu’il faut innover, notamment en termes de performance environnementale (réduction de la consommation d’énergie, limitation des émissions) mais qu’au final, à l’issue du dialogue compétitif, la collectivité déclare : « Attendez, ce que vous me proposez, c’est une usine à gaz. Cela va me coûter 20% plus cher. On revient à quelque chose de basique, je veux le prix minimum ». Souvent les opérateurs sont déçus parce qu’ils se rendent compte que le dialogue compétitif ne sert pas tellement à faire émerger de nouvelles solutions et aboutir à des critères de performance plus subtils, basés non uniquement sur le prix. Ils se rendent compte que cela sert surtout à les mettre en concurrence, à les pressurer au maximum, pour qu’à la fin, ce soit le prix qui soit mis en avant.
Cela signifie que la collectivité doit être crédible dès le départ : elle doit être précise sur les critères de sélection de l’opérateur et elle ne doit pas les changer en cours de route. Elle doit aussi montrer qu’elle dispose des compétences techniques pour dialoguer avec les opérateurs sur le contenu technique du projet et qu’elle se donne les moyens d’investir dans la relation. Il faut qu’elle soit consciente dès le départ que cela va certainement lui coûter plus cher qu’un service standard mais que ce qu’elle cherche, c’est justement un service plus ambitieux en termes de performances.
Sources bibliographiques
Cette interview fait référence aux sources bibliographiques suivantes :
• PwC (2011) « Les Partenariats Public-Privé affichent leur performance » - Communiqué de presse présentant les résultats d’une étude menée par PricewaterhouseCoopers, en partenariat avec l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC) et la Mission d’Appui aux Partenariats Public-Privé (maPPP)
www.pwc.fr/les-partenariats-public-prive-affichent-leur-performance-selon-pwc.html
• Saussier Stéphane (2010) « Peut-on mettre en place de nouveaux partenariats entre le public et le privé pour améliorer le service de l’eau » - Interview accordée dans le cadre de la démarche « Idées neuves sur l’eau » initiée par Lyonnaise des Eaux
www.youtube.com/watch
• Koning Martin, Haywood Luke (2012) « Evaluation contingente dans le métro parisien : Deux courbes reliant ‘’coût généralisé’’ des déplacements et densité de voyageurs en véhicule »
www.chaire-eppp.org/koning
• Fonouni-Farde Guillaume (2011) «La pratique de l’offre spontanée en matière de contrats de partenariat : audaces fortuna juvat ? », Revue administrative n° 382