Qu’est-ce qui vous frappe dans l’évolution du travail social et dans la relation aux publics ?
question
reponse
Sans doute l’hétérogénéisation des usagers, qui supprime la possibilité d’une paresse mentale qui consistait à penser que la figure de l’usager que l’on avait en tête permettait d’assurer le train-train quotidien dans les interactions. Or les conditions de mise en œuvre des politiques sociales conduisent les travailleurs sociaux à ne plus pouvoir faire face à la diversité des publics. Le travail à réaliser avec une personne hautement qualifiée qui traverse une période de chômage passagère et dont la demande est très bien cadrée, n’a rien à voir avec le travail à réaliser avec un chômeur de longue durée en situation de grande détresse. La question devient, face à cette diversité grandissante des profils : comment les travailleurs sociaux d’abord peuvent comprendre cette diversité, et ensuite y ajuster la relation pour proposer des droits, les rendre accessibles, disponibles sur le plan cognitif, d’autant que les RV peuvent se succéder sans que le travailleur social ait le temps d’opérer le basculement psychologique nécessaire. Il y aurait un besoin accru de prise de distance et d’analyse, de temps de repositionnement avec tant de différence d’un usager à l’autre, alors même que les moments de recul, d’analyse de la pratique, d’échange, se contractent, par la diminution des moyens et l’augmentation des « portefeuilles » d’usagers.
La perte de sens du travail social est une autre évolution notable.