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Qu’est ce que le Mutuellisme, et quelle est sa place à Lyon ?

question

Qu’est ce que le Mutuellisme, et quelle est sa place à Lyon ?

reponse

A nouveau, faisons un peu d’histoire ! Les ouvriers lyonnais ont dû, parmi d’autres bien sûr, trouver les moyens de réparer les effets du décret d’Allarde et de la loi Le Chapelier de 1791 qui, en prétendant éradiquer le principe des corps intermédiaires et garantir la liberté du commerce et de l’industrie, avaient supprimé les corporations et interdit aux patrons comme aux ouvriers de se liguer. Interdits de coalition, les ouvriers ont réinventé les moyens de se protéger des grands risques auxquels les expose leur condition : la maladie, l’accident, le chômage, la vieillesse. L’idée est que la charité et la bienfaisance ne suffisant pas ou plus, et que l’État se refusant ou tardant à intervenir, il revient aux ouvriers eux-mêmes d’organiser leur protection. Ils créent donc leurs propres outils de prévoyance, reprenant aux corporations abolies de l’Ancien Régime des formules qui étaient aussi celles des confréries, s’inscrivant du même coup dans un lignage qui remonte aux institutions du monde romain…Ce que nous appelons Mutuellisme a donc consisté dans la création, à partir des années 1830, corps de métier par corps de métier, de procédures d’entraide et d’assistance, instituées le plus souvent sur le mode de la Société de secours mutuels. A proprement parler, il s’agit davantage d’un mode de sociabilité, à visée protectrice, que d’une doctrine. Mais il est clair que cette sociabilité entre en résonance positive avec les corpus doctrinaux républicains ou socialistes qui lui sont contemporains, et spécialement avec les doctrines saint-simonienne et proudhonienne, Proudhon s’efforçant de porter le Mutuellisme au niveau des éléments constitutifs de son corps de doctrine.

C’est cette résonance qui permet d’expliquer la puissance du mouvement mutuelliste à Lyon. C’est en 1827 que le chef d’atelier, Pierre Charnier, fonde le premier « Devoir mutuel ». En 1831, les chefs d’atelier, se mobilisant sur la question dite du « tarif », se constituent en « Association générale et mutuelle des chefs d’atelier ». Il n’est pas surprenant, dans ces conditions, que Lyon devienne l’épicentre du mouvement mutuelliste en France. En 1855, on y compte près de 170 groupements mutuellistes, regroupant près de 14 000 adhérents ! C’est en 1883 que se tient, à Lyon, le premier Congrès national des sociétés de secours mutuel. Ce n’est pas moins qu’un président de la République, Raymond Poincaré, qui inaugure à Lyon, en 1914, le Palais de la mutualité !

Palais de la Mutualité, Lyon

citation

il est clair que cette sociabilité entre en résonance positive avec les corpus doctrinaux républicains ou socialistes